Depuis leur rencontre dans la forêt durant la pleine lune, et tout ce qui s’y était produit, Ciara s’était fait une mission d’éviter Raven autant que possible. Elle ne savait plus comment réagir face à lui, quoi faire, voire même quoi penser. Le blond avait réussi à se frayer un chemin dans son cœur contre toute logique, et le moins qu’on puisse dire était qu’elle l’avait dans la peau. Elle se détestait pour ça, mais c’était le cas. Il avait beau être doux, attentionné et protecteur, il restait un chasseur, il avait tué un loup qui ne les menaçait pas, et Ciara ne pouvait se permettre de laisser un chasseur avoir accès à sa famille. Ces dernières semaines, elle était parvenue à ne pas le croiser en ville, ce qui était plutôt exceptionnel considérant la taille de celle-ci. Si c’était son but, elle n’en était pas heureuse pour autant, bien au contraire. Il y avait bien une fois où, s’étant arrêtée pour un café, elle avait aperçu du coin de l’œil le jeune homme entrer dans le coffee shop. Prestement, elle avait demandé à son amie Lily, de service ce jour-là, de la faire sortir par la porte de derrière, évitant ainsi une confrontation avec le blond. Pourquoi fallait-il que la première personne qui la fasse bouillonner de l’intérieur soit la seule qui lui était inaccessible ? Depuis cette nuit fatidique, sa magie semblait en convalescence. Elle était désormais incapable de lancer certains sorts qu’elle aurait pu lancer auparavant, et elle s’épuisait bien plus vite. Jamais elle n’aurait dû tenter ce sortilège, elle le savait pertinemment. Elle en payait les frais maintenant. La même nuit, elle avait perdu une bonne partie de son accès à la magie, et Raven. Pas qu’il ne lui appartenait avant ça de toute façon, mais elle avait perdu l’opportunité de découvrir ce qui aurait pu se produire entre eux. Peut-être d’ailleurs que sa perte de magie était sa punition. Une façon de faire pénitence auprès de ses ancêtres pour avoir dévoilé des secrets familiaux à un chasseur.
Ce matin là encore, elle s’était rendue tôt à la boutique. Elle avait une fâcheuse tendance à travailler pour oublier. Elle priait d’ailleurs chaque jour pour que le jeune homme ne fasse pas irruption dans la petite herboristerie, elle ne pourrait pas l’esquiver ici.
Elle buvait sa deuxième tasse de thé de la matinée dans l’arrière-boutique en feuilletant son grimoire quand, sans qu’elle ne sache vraiment comment, elle renversa presque l’intégralité de son contenu sur son pantalon. Ciara avait toujours été quelqu’un de très maladroit, raison pour laquelle elle ne s’habillait que très rarement en blanc. Manque de chance pour elle ce jour-ci elle portait un pantalon de tailleur beige. Avec un juron, elle se leva et glissa le grimoire dans son tiroir habituel, maintenant également occupé par une certaine dague. Elle alla rapidement mettre le panneau « fermé » sur la porte de la vitrine et retourna dans l’arrière-boutique, tirant le gros rideau de velours derrière elle pour se masquer à la vue des passants. Un soupir las plus tard, elle retira ses chaussures, puis son pantalon et entreprit de laver la tâche dans l’évier fraichement réparé. Elle chercherait un change plus tard, il devait certainement y avoir un truc qui traîne dans le placard, mais elle ne voulait pas prendre le risque que la tâche s’imprègne dans le tissu clair. Un frisson lui parcourut l’échine, il faisait particulièrement froid dans la boutique. Cela dit, elle ne s’y était jamais trouvée en sous-vêtements auparavant. Heureusement pour elle, les mains dans l’eau chaude, elle ne s’en sortait finalement pas si mal. Absorbée par sa tâche, littéralement et figurativement, elle n’entendit pas le tintement familier de la porte d’entrée de la boutique, et encore moins les pas feutrés de l’intrus.
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Mer 28 Déc - 22:28
Ciara& Raven
Nothing breaks like a heart
Elle était tout le temps dans tes pensées. Ses yeux émeraudes, son odeur florale, ses tâches brunis qui parsemaient la peau rosée de son visage. Ses traits fins, son sourire malicieux, ses cheveux flamboyants pour l’encadrer. Et puis sa douceur mêlée à cette force vitale qui semblait bouillir en elle. Elle te hantait. A chaque fois que tu fermais les yeux, elle était là.
Derrière tes paupières closes, tu la voyais à nouveau, dans cette clairière, la lueur de la pleine éclairant son regard. Tu avais encore des frissons et te remémorant ce que tu avais lu dans ses iris à cet instant. Une tristesse immense, de l’incompréhension, mais aussi, surtout, une souffrance déchirante. Pas un mot n’avait passé la barrière de ses lèvres, pourtant, tu avais lu en elle comme dans un livre ouvert et ce que tu avais vu dans ce vert profond te donnait encore des frissons.
Depuis, tu n’avais osé retourner la voir. Tu avais le sentiment que tu devais laissé le temps faire un pansement sur la plaie que tu avais cru voir en son âme. Il te fallait aussi du temps pour comprendre ce qui remuait tes entrailles depuis cette nuit-là.
Pourtant, après une énième nuit à voir son visage empli de douleur, tu te décidas à lui rendre visite. Cherchant certainement à te donner une constance ou une excuse, tu partis tôt pour aller cueillir des herbes sauvages et des fruits qui poussaient seulement en hiver et en fit un bouquet bien étrange mais qui te faisait penser à elle, mélange de feuilles sombres et de baies rouges. Les quais étaient déjà assez fréquentés malgré le froid ambiant ce qui te décida a passé par la porte arrière. En effet, tu voulais éviter que l’on puisse te voir tourner autour de l’herboristerie, histoire de ne pas attirer l’attention de ta famille sur celle-ci et sur la jeune femme qui la tenait. Tu n’avais pas dit mot. Rien sur la présence de Ciara dans les bois, sur son identité, ses capacités, et encore moi ces sentiments qui te bouleversaient. Tu n’étais sûr de rien, mais tu refusais de briser son destin. Silencieux, tu te glissas dans la ruelle qui longeait la boutique et trouva rapidement l’accès directe à l’arrière-boutique. Tu avais repéré la lourde porte de métal quand tu avais été sur place pour la réparation de l’évier. Reflexe de chasseur : toujours noter l’emplacement des sorties. Prenant une grande inspiration, tu poussas la porte pour entrer à pas de loup dans l’établissement. Ouverte, surprenant. Débouchant sur la réserve, tu ne distinguas pas de bruits, mais quand tu te glissas à travers le rideau de velours qui séparait l’espace de l’atelier de Ciara, tu étouffas ta surprise. Tu reculas d’un pas rapide pour te tapir dans l’ombre un instant. La belle rousse était à demi-nue, près de l’évier, et sans que tu lui aies demandé quoi que ce soit, ton cœur se mit à battre fort, trop fort.
Tu pris un instant pour calmer cette sensation, puis, toujours aussi silencieux, tu reculas vers la porte que tu venais de traverser. Tu frappas alors deux coups contre le mur, bien distinct et tu pris un moment à te rendre dans la pièce, lui laissant juste le temps de se revêtir.
Te glissant la pièce, tu croisas son regard de jade mais détourna rapidement les yeux, ne voyant que la souffrance et la tristesse de votre dernière rencontre. Tu levas le bouquet d’un geste pour le déposer sur le comptoir de l’îlot, et alla t’appuyer contre le mur, gardant une bonne distance entre vous.
- Il faut qu’on discute… Tu ne savais pas comment entamer cette nouvelle discussion, peut-être qu’un bonjour aurait été le bienvenue, mais comme à chaque fois que tu étais en sa présence, tu n’étais plus capable de réflexion cohérente.
La rousse était si concentrée sur sa lessive que les coups frappés contre le mur ne manquèrent pas de la faire sursauter. S’attendant à voir apparaître Juliet ou Isaac, voire même Hunter, elle ne prit pas la peine de renfiler son pantalon, il était trempé et puis ce n’était rien qu’ils n’aient jamais vu de toute manière. Jetant un regard à la ronde, elle se saisit néanmoins du long cardigan qu’elle avait emporté avec elle ce matin-là et l’enfila. Maintenant le tissu fermé d’une main, elle se tourna vers la porte en souriant avant de se stopper net. Ses yeux se posèrent sur des cheveux blonds, une mâchoire carrée et des yeux d’un bleu perçant. Sans attendre, son cœur s’emballa tandis que son souffle s’était étranglé dans sa gorge. Complètement pétrifiée, elle ne savait comment réagir face à lui.
Un vrai tourbillon d’émotions bouillonnait en elle. Elle était partagée entre l’envie de se blottir dans ses bras, l’envie de lui jeter son grimoire à la figure, et l’envie de laisser échapper le torrent de larmes qu’elle retenait depuis que le jeune homme était entré dans la boutique. Resserrant l’étoffe du cardigan autour d’elle, elle finit par ouvrir la bouche mais ne sachant que dire, elle la referma. Pour tout dire, elle craignait aussi qu’un sanglot ne lui échappe. L'image du loup rencontré ce soir-là était encore vive dans son esprit et son elle en avait la nausée à sa seule pensée. Les lycans, la rousse l'avait appris lors de ses recherches après la fusion, étaient supposés être protégés par le traité de paix entre les espèces. Cette attaque n'aurait jamais dû se produire, et son cœur saignait à cette idée.
Tentant vainement de reprendre contenance, elle se dirigea en silence vers le tiroir où était rangé son grimoire et l’ouvrit. Elle tourna à nouveau les yeux vers le blond, silencieux dans son coin, avant de sortir la dague du tiroir. Après une profonde inspiration, elle se retourna, l’arme à la main, et la posa sur la table, à côté de l'étrange bouquet qu’il avait apporté.
- Je suppose que c’est ce qui t’amène.
Sa seule vue était un supplice. Ne sachant que dire de plus, elle l’observait, attendant une réaction, n’importe laquelle. Jamais elle n’avait ressenti autant d’impuissance. Son cœur ne lui appartenait plus, elle le savait, et pourtant elle ne pouvait se permettre de ressentir ce qu’elle ressentait. Tout aurait pu être si simple, elle aurait pu développer des sentiments pour n’importe qui. Mais non, il avait fallu qu’elle rencontre ce chasseur de malheur et qu’il la charme avec sa douceur et sa belle gueule. Elle était perdue. Perdue parce qu’elle ne pouvait pas se l’ôter de la tête. Perdue parce qu’il était cette personne qu’elle attendait depuis qu'elle était gamine, elle le sentait au fond de ses tripes. Et pourtant, elle n’avait pas le droit de tomber amoureuse de lui. Elle ne pouvait pas. Elle se l'interdisait.
Les larmes qu’elle était pour l’instant parvenue à retenir lui échappèrent, roulant sur ses joues en silence tandis qu’elle relevait ses yeux émeraude vers le regard de glace de Raven. Dans une vaine tentative de réconfort, elle resserra encore ses bras autour d'elle. Dans quels draps s’étaient-ils fourrés tous les deux ?
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Ven 30 Déc - 23:25
Ciara& Raven
Nothing breaks like a heart
Tu observais chacun de ses mouvements Chacun de ses gestes, les émotions tirant ses traits, illuminant ses yeux, attentif au moindre détail, le cœur battant trop vite. Pourquoi cette fille là te mettait dans cet état ? Était-ce seulement par rapport au secret que tu partageais avec elle ? Tu n’y croyais pas une seconde. Non, cette sensation était là avant la pleine lune, il était là déjà lors de votre rencontre. Et c’était d’ailleurs lui qui t’avait poussé à l’aider, à la protéger et à garder pour toi sa nature. Tu la suivis du regard quand elle alla vers le tiroir et qu’elle en sorti ta dague. Tu inspiras longuement pour tenter de calme ta cœur qui tambourinait dans ta poitrine au souvenir de la soirée où tu lui avais offert cette lame.
Tu ne savais pas quoi faire. Tu aurais préféré qu’elle la garde. Tu avais son médaillon autour du cou, caché sous ton pull. Tu ne l’avais pas quitté depuis qu’elle tu l’avais donné. Peut-être que tu devais lui rendre toi aussi. Pourtant, tu t’étais attaché à cette petite amulette doré.
- Non, tu peux la garder, elle pourrait te servir.
Tu croisas les bras, toujours appuyé contre le mur, ne sachant pas comment commencer cette conversation. Tu étais content de la voir, et en même temps, le souvenir de votre dernière rencontre te mettait mal à l’aise. Durant tes années d’entrainement pour être chasseur, tu avais appris à lire le langage non verbal, les tics, et percer les émotions des gens à travers leur attitude et leur regard. Ce qui t’amena à remarquer qu’elle n’était pas vraiment ravie de te voir. En même temps, ça, n’importe qui l’aurait deviné.
- Comment vas-tu ? Tu as retrouvé tes forces ?
Le sort que tu l’avais vu jeter avait pris toutes son énergie au point d’en faire un malaise, il aurait même pu la tuer. Quand vous vous étiez séparé dans les bois quelques jours plus tôt, elle n’était pas vraiment remise et tu ne savais pas combien de temps il lui faudrait pour guérir totalement.
Mais au moment où tu posas cette question, la barrière qui semblait retenir les émotions de la jolie rousse se brisa et les larmes coulèrent sur ces joues. Tout en toi te poussas à avancer, tu ne voulais qu’une chose, la prendre dans tes bras, la serrer contre toi. T’excuser. Mais tes excuses n’auraient été que mensonges. Tu n’étais pas désolé d’avoir attaqué ce loup. C’était ta nature, tes valeurs. La seule chose qui te faisait mal, c’était le regard qu’elle t’avais lancé après ça. Tu ne pouvais pas t’excuser mais tu fis deux grands pas vers elle, gardant tout de même une certaine distance entre vous, juste assez pour pouvoir venir glisser ta main sur sa joue et relever son visage vers le tien.
- Je… Il faut… On devrait… Tu terminas ta phrase dans un soupir, incapable de la terminer.
Pour être totalement franche, elle ne voulait pas garder sa dague. D’abord parce qu’elle détestait les armes. Ensuite parce qu’à la simple idée du nombre de gens comme elle à qui cet objet avait ôté la vie, elle en avait la nausée. Elle n’était pas différente des autres créatures surnaturelles. Alors pourquoi elle aurait le droit de vivre, et pas eux ? Mais elle était bien incapable d’ouvrir la bouche à nouveau pour lui dire tout ça, alors elle ne fit qu’acquiescer en silence. Cette seule phrase lui avait demandé toute la contenance dont elle pouvait faire preuve face au blond. A sa question, elle se détourna. Non, elle n’allait pas bien, elle n’avait pas retrouvé sa magie telle qu’elle la connaissait avant cette nuit-là. Elle avait tout perdu, et ça faisait un mal de chien. Repenser à cette nuit-là était une torture pour la rousse. Et à en voir le visage du blond, ce n’était pas plus simple pour lui. Au milieu du kaléidoscope d’émotions qu’elle ressentait, la rousse était presque soulagée de savoir qu’il ressentait un certain malaise face à la façon dont la nuit s’était achevée. Elle n’était pas idiote, elle savait pourquoi il avait tué le loup. Et c’était en partie sa faute pour avoir dévoilé l’identité du chasseur. A cette réalisation, elle eut un haut le cœur. C’était de sa faute. Si elle n’avait rien dit, peut-être Raven aurait-il épargné le lycan. Probablement pas, elle s’en doutait un peu, mais ils n’auraient jamais l’opportunité de le découvrir. Et c’était de sa faute.
Les larmes qui coulaient sur ses joues semblaient intarissables, et la soudaine proximité du blond n’arrangeait pas les choses. Dès leur rencontre, elle avait peiné à contrôler ses émotions autour de lui. Sa main chaude sur sa joue, son odeur de pin et de musc, les mèches folles de sa chevelure blonde, la fine chaîne dorée qui brillait autour de son cou, finissant sa course sous son pull. La rousse pencha légèrement la tête sur le côté et leva une main. D’un doigt, elle tira sur la chaînette, libérant le pendentif de l’étoffe sous laquelle il était dissimulé. Un trèfle entouré de ronces. Son amulette. Elle se plongea dans le regard bleu du jeune homme, presque interrogative.
- Tu le portes encore ? furent les seuls mots qui parvinrent à franchir la barrière de ses lèvres, et de son cœur. Un simple murmure, à peine audible.
Il était près. Si près. Pourtant, elle avait toujours ce sentiment qu’il était trop loin d’elle et elle dû à nouveau se faire violence pour ne pas se blottir dans ses bras et pleurer toutes les larmes de son corps. Pourtant ils étaient là, face à face, à moins d’un mètre de distance, chacun la main tendue vers l’autre. Et à cette simple réalisation, le cœur de la brune rata un battement et le rouge lui monta aux joues.
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Lun 2 Jan - 14:40
Ciara& Raven
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Les sentiments que tu ressentais en provenance de Ciara te nouèrent l’estomac. Tu ne savais pas quoi penser, quoi ressentir, tu avais les tripes emmêlées. Dans les larmes de la rousse, tu avais l’impression d’entendre l’écho de tes propres émotions mais avec une souffrance différente, plus réelle, plus palpable, comme si elle avait physiquement mal.
Evidemment que tu ne pu te retenir de briser l’espace qui vous séparait pour poser ta main sur sa joue, comme un geste doux, preuve de ta présence, de ton envie d’être là, tout près d’elle. Sans pour autant en faire trop.
Ton regard caressant le visage de la jeune sorcière, tu tentas de mettre tes pensées au clair. Tu n’étais pas venu ici pour récupérer ta dague, ou pour lui rendre son collier ou juste pour t’assurer qu’elle ne divulguerait pas ton identité ou celle de ta famille. Non, tu n’étais pas venue pour parler, pour mettre en place un plan ou une stratégie. Non. Tu étais ici parce que c’était ce que ton cœur te demandait de faire. Parce que depuis que tu étais entrée dans cette boutique quelques jours plus tôt, c’était comme si tu étais incapable de rester loin d’elle sans être privé d’air. Cette sensation qui s’était d’ailleurs clairement intensifié depuis la pleine lune. Tu avais besoin de t’assurer qu’elle allait bien, tu avais besoin de plonger ton regard dans le sien pour tenter d’y trouver quelque chose, tu avais besoin de la voir, sentir son odeur. Mais enfin, qu’est-ce qu’il t’arrivait ?
Ce n’était pas ton genre. Tu étais le fils prodigue, celui qui avait la tête sur les épaules, celui qui ne faisait jamais d’erreur, de faux pas, qui ne laissait jamais rien passer avant son devoir. Et te voilà, le cœur battant avec une seule envie, prendre la rousse dans tes bras et oublier l’univers contre elle. Quand elle frôla la peau de ton cou pour sortir le médaillon de sous ton pull, un long frisson vibra dans tout ton corps, mais ce n’était rien comparé à ce que tu ressenti au moment où elle releva les yeux vers toi.
Ton souffle se bloqua dans ta gorge.
- Bien sûr. Tout comme elle, ta voix n’avait été qu’un murmure.
Ta raison te hurlait de reculer, de remettre de la distance entre vous. Elle te rappelait en rafale que tu ne devrais pas être là, que tu ne devrais pas la regarder comme ça et encore moins avoir le cœur qui s’emballe de la sorte alors qu’elle est là, juste tout près de toi. Pourtant, tu ne bouges pas d’un pouce, sondant son âme à travers ses yeux. Les larmes brillantes ayant laissé des traces humides sur sa peau, tu dois lutter pour ne pas la prendre dans tes bras, l’embrasser. Tu avales ta salive pour dénouer ta gorge et expire comme si tu devais user de toute ta concentration pour ne pas céder. C’est presque avec un grognement que tu finis par retirer ta main de sa joue et reculer d’un pas.
- Je comptais justement te le rendre. Dis-tu d’un ton rauque avant de faire tourner la chaine pour pouvoir défaire le fermoir.
Elle ne pouvait s’empêcher d’être soulagée qu’il porte toujours son collier. Pas seulement pour les propriétés protectrices de l’amulette, bien que cela ne soit pas dénué d’importance. Non, son soulagement était purement égoïste en réalité. Peu importait tout ce qu’il s’était passé cette nuit-là, Raven avait gardé le bijou. En un sens, il ne l’avait pas rayée de sa vie. Peut-être aurait-il mieux valu qu’il le fasse, pour eux deux. Mais il ne l’avait pas fait. Les larmes qui coulaient sur ses joues s’était calmée, bien que son visage en porte encore les marques. Elle devait avoir l’air ridicule, presque en sanglots, les yeux rouges et le cœur au bord des lèvres. Ce n’était pourtant pas ça qu’elle voyait dans le regard du chasseur. Mais, comme toujours, il fut le premier à se reculer, forçant la main de la rousse à lâcher la chaînette. Il était plus fort qu’elle en ce sens. Il avait encore la force de se détourner. Elle en était incapable. Elle avait froid tout à coup, comme dépourvue de la chaleur qu’il lui transmettait seulement quelques secondes auparavant.
Son regard suivi les mains calleuses du blond jusqu’à la chaîne alors qu’il en cherchait le fermoir. Elle releva prestement les yeux et plongea un regard intense dans celui du chasseur. Une nouvelle larme coula sur sa joue sans qu’elle ne puisse la retenir. Il fallait vraiment qu’elle arrête de pleurer à tout bout de champs, ça en devenait ridicule. Mais elle ne voulait pas récupérer son collier. C’était en quelque sorte sa seule manière de veiller de loin sur le jeune homme. Essuyant son visage d’un geste vif, elle hocha négativement la tête.
- Garde-le. Tu en as plus besoin que moi. murmura-t-elle.
Cédant au besoin qu’elle avait de se rapprocher du jeune homme après qu’il ne se soit éloigné, la rousse fit un pas en avant et, saisissant à nouveau la chaîne, la dissimula sous le pull du chasseur. Elle releva les yeux vers lui, s’arrêtant sur sa bouche décidément beaucoup trop proche de la sienne, et sourit tristement.
- Au moins tu ne m’oublieras pas.
Elle resta ainsi, la main posée sur le torse du jeune homme pendant une seconde qui lui sembla durer une éternité. Rassemblant toute la force dont elle disposait, et après une grande inspiration, elle retira lentement sa main. La sorcière glissa un doigt le long de la mâchoire carrée du jeune homme, les larmes brillant à nouveau dans ses yeux, mais ne coulant pas, puis abaissa sa main le long de son corps, saisissant à nouveau l’étoffe de son cardigan avant de reculer d’un pas. Elle avait cette terrible impression qu’ils étaient forcés de se dire adieu et cela la rendait malade.
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Mar 17 Jan - 9:10
Ciara& Raven
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Son sourire malicieux te manquait. Il allait si bien à ce visage. Et même si tu la trouvais magnifique même derrière ses larmes, tu ne pouvais t’empêcher de détester cette douleur qui tu lisais dans ces pupilles. Encore plus quand tu avais le sentiment que tu en étais la cause. Tu n’insistas pas pour lui rendre le collier, au contraire, tu étais plutôt soulagé de pouvoir le garder. Que ce soit un talisman, un lien ou juste un souvenir d’elle, tu avais fini par tenir à ce petit ovale métallique.
La réalité était que vous vous connaissiez à peine. Vous vous étiez vu deux fois dans des circonstances loin d’être romantiques, vous ne saviez que très peu de choses l’un sur l’autre, et pourtant, tu le sentais, ce lien presque mystique qui te reliait à elle. Sa douceur, son sourire, sa malice, contrastait avec sa force, sa détermination et son courage. Tu adorais ça. Lors de votre rencontre, tu avais vu d’elle une facette attendrissante, maladroite et drôle. Vos regards avaient dansés, joué l’un avec l’autre, alors que pour la première fois depuis longtemps, ton cœur commençait à vibrer. La seconde fois avait été un réel choc, une chute, naissance de frustration, de déception, de peur aussi. Mais tu avais vu en ce petit bout de femme une véritable âme dévouée, forte et téméraire qui n’avait pas hésité à prendre des risques fous dans le but de pouvoir protéger son île, sa maison, et sa famille. En y repensant, c’était peut-être même à ce moment-là que ton cœur avait totalement craqué. Ironique non ? Alors que tu découvrais qu’elle était supposée être ton ennemie.
Quand elle approcha pour glisser le médaillon dans ton pull, tu soupiras d’aise. Contact si désiré et pourtant semblant interdit. Alors quand elle glissa son doigt sur ta mâchoire et que son regard traina sur tes lèvres, ton cœur accéléra et tu retins tout ton corps, toute ton âme pour ne pas céder à ton envie de l’embrasser. Heureusement pour toi, elle recula et l’air entra dans tes poumons, te faisant réalisé que tu avais retenu ton souffle tout ce temps. Tu secouas la tête comme pour reprendre tes esprits et tu te mis à faire quelques pas à droite à gauche pour te redonner constance. Tu attrapas la dague décorée de tes armoiries familiales et tu allas la déposer dans le tiroir duquel elle l’avait sorti tantôt.
Tu ne répondis pas quand elle te dit que c’était pour que tu ne l’oublies pas, mais ton sourire triste en dit long. Tu n’étais pas près de l’oublier, et même si ta conscience et tes valeurs te hurlaient de prendre tes distances, de ne plus la revoir, tu avais cette conviction que vos chemins étaient fait pour se croiser encore et encore. Non, tu ne l’oublieras pas, tu n’en étais pas capable. Ton instinct avait toujours été ton allié, et ce n’était pas aujourd’hui qui tu allais en douter. Malheureusement, il y avait des sujets sérieux à aborder. Tu te tournas, t’appuyant contre le plan de travail avant de poser à nouveau ton regard azur dans celui de Ciara.
- Je n’ai pas parlé de toi aux miens. Mais il faut que tu te montres prudente, parce que si c’est l’un d’eux qui tombe sur toi la prochaine fois… Tu ne terminas pas ta phrase, la gorge nouée à l’idée qu’il puisse arriver malheur à la jolie rousse.
- Pour l’instant, on est concentré sur les loups et les vampires, et je n’ai encore jamais entendu le nom de ta famille revenir dans nos discussions, mais il faut que tu fasses attention. Que vous fassiez attention.
Faisant allusion à sa famille, tu réalisas que tu étais, en quelque sorte, en train de trahir la tienne. Mais durant ces derniers jours tu n’avais fait que retourner le problème dans tous les sens et tu n’arrivais pas à voir une autre solution que celle-ci.
- A chaque fois que les chasses seront fixées, je te laisserai un mot, d’une manière ou d’une autre. Mais il faut que tu me promettes tu ne pas divulguer l’identité de ma famille. Ils ne veulent qu’aider les humains.
La rousse ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel aux paroles du jeune homme. Une vague d'agacement remonta le long de son échine et elle dut se faire violence pour ne pas l'envoyer paître. Elle savait qu'il essayait juste de la protéger, elle l'avait compris à force, mais elle n'avait pas besoin d'un garde du corps. Malgré l'état actuel de sa magie, dont le blond ne savait rien, elle était parfaitement capable de se défendre seule. Une pointe d'agacement dans la voix, elle répondit en s'asseyant sur le plan de travail à côté de lui.
- Ecoute Raven, il va falloir que tu comprennes que je n'ai pas besoin de toi pour me protéger. Je te remercie de te préoccuper de ma sécurité, vraiment. Mais je suis capable de me défendre seule. La dernière fois que tu es intervenu, un loup est mort.
Son coeur se brisa à nouveau à la pensée de ce pauvre lycan qui n'avait rien demandé à personne.
- Les lycans sont protégés par le traité, il n'aurait pas dû mourir. Peu importe ce que tu en dis, et peu importe ce que j'en pense.
Elle leva la tête vers lui, plongea son regard émeraude dans ses yeux bleus qu'elle aimait tant. Cela lui tordait les entrailles, mais il était nécessaire qu'elle lui dise ce qu'elle pensait, ce qu'ils pensaient tous les deux mais taisaient.
- Peu importe ce que je ressens pour toi, et ce que tu ressens pour moi. Ta famille est un danger pour la mienne, plus que nous ne sommes un danger pour vous. Nous n'attaquerons pas, mais je n'ai aucune certitude que les tiens ne s'en prendront pas aux miens. Pour notre sécurité à tous, il faut que tu partes. Il faut que tu partes et que tu ne reviennes pas. Je suis désolée.
Les larmes brillaient à nouveau dans ses yeux verts mais elle n'avait pas le choix. Elle devait protéger les siens et personne d'autre que Raven ne pourrait comprendre ce qu'elle était capable de faire pour ceux qu'elle aime, et ce à quoi elle était prête à renoncer. D'une main douce, elle dégagea une mèche de cheveux qui retombait sur le visage du blond et déposa un baiser sur sa joue.
- Je suis désolée. murmura-t-elle à nouveau.
Sans un regard en arrière, mais les yeux pleins de larmes, elle se détourna, sortit un pantalon de rechange du placard, l'enfila, et se rendit dans la boutique, refermant le gros rideau derrière elle. Elle essuya son visage, prit une grande inspiration et tourna la clé dans la porte. Le premier client ne tarda pas à passer le pas de celle-ci et elle l'accueillit, un bien faible sourire sur le visage. C'était la première fois qu'elle se sentait brisée ainsi, de toute sa vie.
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Sam 28 Jan - 13:11
Ciara& Raven
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Les paroles de la rousse étaient aussi acérées que tes dagues mais tu gardais le visage le plus neutre possible. Cette fille là te rendait dingue. Elle pouvait être la plus douce et adorable nana de la terre, maladroite et enjouée, mais aussi forte, indépendante et un poil insupportable. Tu restas stoïque face à elle, acceptant ces mots durs sans broncher. Tu savais que quoi qu’elle dise, tu ferais en sorte de la protégé. Voilà la seule chose que tu avais compris de votre rencontre, tu ne sais pas pourquoi, tu sais pas ce qui était différent, mais ça l’était, et prendre soin d’elle relevait d’une force qui te dépassait.
Le traité. Voilà une chose que ta famille n’avait réellement détaillé. Ils avaient toujours dis que ce bout de papier soit disant sacré était un chiffon et que les créatures magiques et obscures étaient dangereuses pour l’humanité, voilà la seule chose en laquelle tu étais supposé croire.
Tu avais toujours accepté cela sans te révolter, sans même y penser. Ça allait de soi et jusque-là, c’était ton mode de fonctionnement. Tu avais été élevé pour être un soldat. Une arme docile qui exécuterait des ordres sans jamais douter des raisons et des valeurs de ceux qui dictent les règles. C’était facile. Plus facile que cet instant-là, face à elle, a remettre en question toutes les bases de ta vie. Pourquoi ? Pourquoi cette différence ? Pourquoi elle déclenchait ça en toi ? Quand les larmes brillèrent dans ses yeux, ton cœur se serra encore d’avantage mais tu n’en laissas rien paraître. Elle voulait que tu partes, que tu ne reviennes jamais. Elle voulait que tu sortes de sa vie, que tu disparaisses. Mais ce n’était que la sagesse qui parlait. Toi aussi tu avais ta conscience qui te hurlait de faire comme si de rien n’était, comme si tu n’avais jamais rencontré cette fille, comme si tu ne te sentais pas lié à elle. Mais ce n’était pas ce que tu dictais ton cœur, ton être, ton âme. Bordel.
Quand elle approcha pour embrasser ta joue, tu glissas ta main sur le côté de son visage, caressant sa joue du pouce pendant une seconde, ton regard dans le sien, comme si tu voulais le graver, le garder à jamais en mémoire.
- Et moi donc… murmuras-tu en retour, la laissant partir sans rien dire de plus.
Il te fallut plusieurs minutes avant que tu ne te décides à bouger. La clochette de la boutique retentit et t’indiqua que c’était le moment de quitter la boutique. Passant par la porte arrière, celle par laquelle tu étais entrée. L’air frais te redonna un coup de fouet tandis que tu te mis en marche en direction de ton appartement. Tu ne devais pas la revoir, pourtant, tu savais, au plus profond de ton être, que vos chemins se recroiseraient. Encore et encore.
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