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ambitious undertaking | raven + ciara
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Raven Johnson
protection and love
Raven Johnson

wish to the stars
arrivée : 23/12/2022
posts : 38

âge : 27

Ven 23 Déc - 21:09


CIARA - 1

La pleine lune brillait ardemment, éclairant la forêt comme en plein jour. La veille, Ciara avait commencé à emmagasiner de l'énergie en vue de son projet du jour, elle en aurait le plus grand besoin. Le grimoire de ses ancêtres était clair : il fallait plusieurs sorcières à canaliser pour parvenir à lancer le sortilège qu'elle s'apprêtait à tenter. Mais la rousse n'avait pas plusieurs sorcières à sa disposition. Elle devrait s'en sortir seule. Personne ne la forçait à lancer ce sort, mais si elle y parvenait, elle serait parfaitement équipée pour protéger Camden et ses habitants des créatures surnaturelles qui investissaient la ville depuis quelques mois. Elle devait réussir. C'était son devoir de sorcière. Son rôle de protectrice.

Quelques minutes avant minuit, elle s'était frayé un chemin entre les arbres, jusqu'à sa clairière habituelle. Comme à l'accoutumée, la rousse avait ôté ses chaussures et s'était ainsi ancrée dans le sol. Ce qui n'était pas habituel en revanche, c'était qu'elle se trouve là à la pleine lune. Depuis que le bouclier était tombé, elle avait évité de s'exposer les soirs de pleine lune, par prudence. Afin de rester protégée de l'éventuelle attaque d'un canidé enragé, la jeune femme monta une barrière magique à environ cinq mètres d'elle, que nulle créature surnaturelle ne pourrait franchir. Rien de bien sorcier, un simple cercle de sel enchanté par ses soins au centre duquel elle se tenait.

Elle était prête.

Quelques minutes de méditation plus tard, minuit sonna à la tour de l'horloge au loin. Il était temps. D'un geste fluide de la main, Ciara embrasa les bougies qui l'entouraient. Son grimoire ouvert devant elle, elle prit une profonde inspiration. Les mains levées vers la lune afin de canaliser autant de son énergie que possible, elle entama son incantation, plus rien n'existant autour d'elle.

- Ut spiritus adiuva me
Obsecro te meis

L'incantation à peine commencée, la rousse sentit que quelque chose clochait. Elle n'avait jamais ressenti ce qu'elle ressentait à ce moment-là. Un mélange d'exaltation et de douleur, comme une pulsation sourde dans ses entrailles. Avec une légère grimace, elle poursuivit.

- Fratres mei opus auxilium

La douleur se fit plus intense, elle la ressentait maintenant dans tout son corps, comme des coups de poignard. Elle vacilla brièvement avant de retrouver son ancrage. Elle devait continuer. Elle n'avait pas le choix. Sa ville avait besoin d'elle. Ciara prit une profonde inspiration avant de continuer.

- Nox imminet urbi

Elle ne put retenir le cri qui franchit ses lèvres alors qu'un nouveau coup de poignard, plus puissant que les autres, se fit ressentir dans sa peine. La tête lui tournait, elle voyait flou et avait un goût de sang dans la bouche. Ce sortilège était beaucoup trop pour elle seule, c'était de la folie.

- Ut spiritus... Adiuva me...

Elle s'effondra à genoux, ses jambes ne supportant plus son poids.

- Da mihi conspectum malum

Elle était presque au bout, il ne lui restait plus que quelques phrases. Elle pouvait le faire. Elle sentit quelque chose couler sur son visage, qu'elle essuya machinalement d'un revers de main.

- Audiantur verba mea

Tout se fit noir autour d'elle et elle s'effondra, le visage maculé du sang qui avait commencé à ruisseler de son nez et de ses yeux.

Il lui restait une dernière phrase à prononcer.

Elle avait échoué.


RAVEN - 1

La lune était pleine. Majestueuse. Elle illuminait la forêt, filtrant entre les branches d’arbres sa douceur lumière argentée. Tu avais toujours trouvé la pleine lune magique. Après tout, elle était reliée à bien des choses, des pouvoirs, des légendes. Tu inspiras l’air frais, debout à l’entrée de la forêt, attendant que les tiens finissent de prendre leur affaire dans le coffre de ton pick-up.

Au nord de la ville se trouvaient la forêt, les cascades mais aussi les ruines. C’était dans ce secteur que vous aviez repéré le plus de traces, d’indices, et ce soir, c’était votre première chasse en ville. Un soir symbolique après plusieurs mois d’observation. Première fois que vous alliez passer à l’acte dans ce coin du monde, révélant votre présence aux créatures surnaturelles. Si elles pensaient être tranquille dans ce petit coin du Maine, elles risquaient d’être déçues.

Tu aimais ça, t’avais ça dans le sang. Depuis tout petit, tu avais entendu des centaines d’histoires sur les monstres de l’ombre. Ces esclaves de la magie qui perdaient le sens de l’humanité, qui tuait pour se nourrir, qui devenait des bêtes, ou encore qui perdaient l’esprit. Les Johnson étaient des protecteurs, depuis la nuit des temps. Pour toi, la magie n’était que source de malheur, et les humains se porteraient bien mieux sans elle. Votre devoir était de protéger et faire en sorte qu’aucun n’ait à découvrir l’existence de cette noirceur.

Prêt, tu enfonças tes deux dagues d’argent dans leur emplacement le long de tes cuisses, deux épées fines forgés dans le même métal dans le dos, des pieux de bois rangés dans des endroits stratégiques au cas où les vampires est perdu l’esprit et sortent malgré la pleine lune. En tant que chef pour cette nuit, tu déplias la carte sur le sol devant vous et commença à donner les directions de cette chasse.

Cela faisait déjà un moment que toi et ta sœur vous faufiliez entre les arbres, discrets, sans le moindre bruit, à l’affut de chaque mouvement dans l’obscurité. Derrière vous, loin dans la ville, minuit sonna au clocher.

- Il y a du bruit de ce côté. La voix de ta sœur n’était qu’un murmure.
- C’est par là que doit être Connor. Va le rejoindre, je vais jeter un coup d’œil de l’autre côté.

Elle acquiesça d’un signe de tête et disparu entre les troncs d’arbres. Quand tu te retournas dans la direction opposée, une lueur étrange attira ton regard.
Sans un bruit, agile, tu t’approchas et tu accroupis derrière un buisson à l’abord d’une clairière. Ton cœur accéléra face au spectacle qui était là, sous tes yeux.

Ses cheveux roux le long de son visage, couvrant ses épaules, ses mains tournés vers la lune, les bougies autour d’elle, le grimoire à ses pieds. Elle est pleine d’une beauté mystique qui te traverse de part en part, et pourtant, ton cerveau fait tilt. Bordel de merde. C’est une sorcière. Tu avales ta salive, inspirant longuement pour tenter de garder l’esprit clair et comprendre ce qui se déroule sous tes yeux. Ciara est là, dégageant une magie puissante et toi, tu ne savais pas quoi faire.

Sa voix sucrée s’éleva entre les sapins, mais tu y décelas quelque chose de plus chaud, de plus suave. Tu restas là, le cœur tapant trop rapidement dans ta poitrine. « Ut spiritus adiuva me Obsecro te meis » Que les esprits m’apportent leur aide, je vous conjure. Tu écoutas avec attention les mots latins qui sortaient de la bouche de Ciara. Tu aurais dû bondir. Tu aurais dû arrêter ce sortilège, détruire cette sorcellerie, mais tu ne bougeais pas. Dans ton esprit, une bataille faisait rage entre le chasseur et l’humain qui avait senti en cette jeune femme quelque chose de positif, de doux, de sincère. Tu refusais d’y croire. « Mes frères ont besoins d’aide » Tu lui laissais le bénéfice du doute, tu luttais contre tes reflexes, observant le moindre détail. Tu la vis vaciller et la voir ainsi brouilla d’autant plus ton esprit.

« La nuit menace notre la ville » Son cri résonna dans tes entrailles. Tu te levas d’un bond, t’exposant ainsi à sa vue, mais elle ne sembla pas prendre conscience de ta présence. Quelque chose n’allait pas. Elle était pâle dans les lueurs des bougies qui l’entouraient, son visage était crispé, la douleur se lisait dans ses traits. Tu fis un pas, pensant qu’elle allait faillir, mais elle continua. « Que les esprits m’apportent leur aide »

Le chasseur en toi te hurlait de stopper tout ça, mais quelque chose te retenait. Encore une fois, tu eus cette sensation. Celle que tu avais eu en entrant dans l’herboristerie, la même que quand tu avais croisé son regard. Ce quelque chose de positif, ce quelque chose de beau, de doux. Ce quelque chose d’unique.

Mais quand Ciara s’effondra, tombant à genoux, le chasseur se tut, et tu bondis et quand elle perdit connaissance, tes bras étaient déjà autour d’elle. Le sang coulait de son nez, de ses yeux, mais elle respirait. Le soulagement que tu ressentis te déconcerta un instant, après tout, c’était une sorcière. Mais c’était Ciara. Tu ne la connaissais pas. Pas plus que ça. Tu ne l’avais vu qu’une fois, mais il y avait eu ce feeling que tu n’arrivais pas à oublier. Quand elle s’était effondrée, les bougies s’étaient toutes éteintes et le cercle de protection avait été balayé par une brise. Tu repassas la scène dans ta tête, répétant les paroles de son sortilège dans ton esprit, traduisant ses mots. Il n’y avait rien de sombre dans ces paroles, rien de fou, au contraire. Ces derniers mots furent « Laissez moi voir le mal, que mes paroles soient entendues » Que voulait-elle dire par laissez-moi voir le mal ? Tu regardas son visage, ses yeux clos, et pour la première fois de ta vie, tu doutas.

Le cri d’un loup te fit sortir de tes pensées. Bordel. Tu étais en pleine chasse. Des bruits de pas se firent entendre, rapides. Sans réfléchir, tu glissas ton bras sous les jambes de la rousse, et la souleva. Ton regard s’attarda sur son grimoire, resté devant elle. C’était son identité. Si quelqu’un venait à le trouver… Tu attrapas le livre et sans attendre, tu t’éloignas.

Tu repris tes esprits, te recentrant. Tu retrouvas ta position dans la forêt, regardant tout autour de toi et pris la direction du nord, la belle encore endormie dans tes bras. Les saignements avaient cessé mais il fallait que tu trouves un endroit pour la mettre en sécurité. Quelques jours plus tôt, tu avais repéré une petite grotte non loin d’ici, ça sera parfait. Sans attendre, tu rejoignis celle-ci et déposa Ciara avec délicatesse sur le sol, glissant ta veste sous sa tête. Tu déposas ton sac sur le sol et après avoir fait une rapide inspection des alentours, tu sortis de ton sac une couverture de survie, une lampe et ta trousse de secours.

Après avoir couvert Ciara et nettoyé son visage, tu t’assis à côté d’elle. L’oreille toujours tendu pour être à l’affut du moindre danger, tu pris le temps de calmer tes pensées et remettre tout ce bordel dans l’ordre. Ciara était une sorcière. Voilà la seule information dont tu étais sûr. Tu te penchas et attrapa son grimoire. Elle était calme, sa respiration était régulière, elle allait bien. Tu ouvris le livre, le feuilleta rapidement, pris quelques photos. Tu n’avais pas le temps de tout lire mais il te fallait une idée de ce qu’il contenait. Ton instinct te poussait à remettre en question tes pensées et croyances à cet instant mais tu devais tout de même recueillir des preuves, des informations, au cas où.

Quand la rousse remua, tu fermas le livre et le repoussa plus loin, rangeant ton téléphone dans ton sac. Elle ouvrit alors à nouveau ces merveilleux yeux verts, croisant ton regard.


CIARA - 2

Il faisait froid. Si froid. Elle flottait dans la nuit, un esprit parmi les autres, inconsciente de son corps. Avait-elle seulement déjà eu un corps ? Pour tout dire, elle n'en avait aucune certitude. Elle avait l'impression d'avoir toujours été là, au milieu des esprits. De ses ancêtres. C'était sa place, au cœur même de la nature.

Pourtant, une chose la tracassait. Une sensation diffuse. Ce sentiment de n'avoir pas rempli son rôle. Alors elle s'arrêta de flotter un instant, et observa ses alentours. Une jeune femme rousse gisait sur le sol, ensanglantée, les vestiges d'un sortilège raté autour d'elle. Elle lui semblait familière, mais elle n'aurait su dire d'où elle la connaissait. Un homme blond, penché sur elle, la soutenait alors que la vie semblait la quitter. Lui aussi lui semblait familier. Ses traits ciselés, son regard chaleureux. D'où elle le connaissait restait cependant un mystère. Mais à sa vue, une sensation de chaleur l'enveloppait, comme si elle se savait en sécurité.

Un hurlement lupin retentit dans l'ombre, proche, trop proche. Le blond devait en être arrivé à la même conclusion car il souleva la rousse et s'engouffra sous le couvert des arbres. D'instinct, elle les suivit, slalomant entre les troncs. La rousse toujours inconscient, le blond le visage fermé. Il semblait ne pas oser poser son regard sur la femme. Qu'avait elle pu faire de si grave qu'il n'arrive plus à la regarder ?

Après quelques minutes, le blond pénétra dans une grotte dissimulée et déposa délicatement la rousse à terre. Quel comportement étrange. Il traitait la femme avec beaucoup de douceur et d'empathie, mais il semblait incapable de poser les yeux sur elle sans que sa mâchoire ne se serre. Étonnant. Plus elle les regardait, moins elle comprenait ce qu'il se passait.

Elle les observa tandis que le blond calait la tête de la rousse avec sa veste et déposait soigneusement sur elle une mince couverture. Presque avec tendresse, il nettoya le sang qui maculait son joli visage. Quelle étrange relation.

Il faisait moins froid maintenant. Plus les secondes passaient, plus les sensations lui revenaient. Une douleur sourde plusait en elle, de la tête aux pieds. Elle avait donc bien un corps, et celui-ci lui faisait un mal de chien. Qu'est-ce qui avait bien pu lui arriver ?

***

Dans un sursaut qui attisa la douleur qu'elle ressentait, Ciara s'éveilla. Si son regard avait croisé celui de son sauveur, elle n'y avait pas prêté attention. Ses yeux papillonant peinaient à distinguer quoique ce soit tant la lumière était vive. Combien de temps avait-elle été inconsciente ? Pouvait-il déjà faire jour ?

Un gémissement s'échappa de ses lèvres quand elle tenta de se redresser. Elle avait l'impression de s'être fait renverser par un camion. Plusieurs fois. Puis de s'être fait piétiner par un très très grand troupeau de chevaux particulièrement sauvages. Ses yeux se refermèrent d'instinct, comme animés d'une vie propre. La douleur était presque intolérable. Quelques profondes respirations plus tard, elle les rouvrit. Quelques secondes de plus furent nécessaire à ce que sa vue s'habitue à la lumière, dont elle finit par identifier la provenance.

Finalement, ses yeux croisèrent un regard qu'elle avait gravé dans sa mémoire. Deux yeux d'un bleu intense, hier rieurs et plein de chaleur, aujourd'hui inquisiteur, presque froids et... blessés ? Elle n'était pas tout à fait sûre de l'émotion qu'elle lisait dans ce regard scrutateur, mais elle pouvait juger de son intensité. Elle ouvrit la bouche pour parler quand son regard se posa derrière les épaules de Raven, d'où elle voyait dépasser la garde de deux épées. Ses yeux s'écarquillèrent légèrement tandis qu'elle découvrait ensuite les dagues placées sur ses cuisses, et son grimoire, qui gisait à terre à côté de lui.

Elle connaissait évidemment les légendes qui parlaient de familles de chasseurs, tueurs de créatures surnaturelles. Ces gens-là tiraient d'abord et posaient des questions ensuite. Le déclic se fit finalement dans son cerveau. Raven était un chasseur. Sa seule vocation dans la vie était de tuer les gens comme elle.

Elle allait mourir.

Dans une vaine tentative de sauver sa vie, elle se redressa sur les coudes et se traîna quelques mètres plus loin du blond, incapable de mieux faire. Sa magie complètement drainée, elle était impuissante.

Une unique larme coula sur sa joue alors qu'elle finit par prendre la parole, la voix rocailleuse sous l'effort que cela lui demandait.

- Évidemment que tu es un chasseur, c'était trop beau pour être vrai.

Cette seule phrase la secoua d'une longue quinte de toux. À nouveau pliée en deux par la douleur, elle cracha à côté d'elle le sang qui avait à nouveau envahi sa bouche avant de se redresser du mieux qu'elle pu. Si elle devait mourir ce soir, autant que ce soit avec le peu de dignité qu'il lui restait.

RAVEN - 2
Tu observas la rousse alors qu’elle retrouvait ses esprits, aucune blessure visible et pourtant, tout son visage était tiré par la douleur. Tu n’aimais pas voir cette émotion sur ces traits si doux habituellement. Tu détournas les yeux, chassant cette pensée idiote de ton esprit. Après tout, tu ne la connaissais pas, il n’y avait pas de « habituellement » entre vous, juste une rencontre, et puis ce soir. Alors pourquoi tout ton être combattait ta nature à cet instant précis ? Pour une fille dont tu ne savais que très peu de choses ? Une fille incroyablement jolie au caractère mêlant douceur, générosité et une force qui avait attiré ta curiosité.
Et si cette force qui t’avais parlé en elle était en réalité que la sombre magie coulant dans ses veines ? Cette ombre qu’on t’avais toujours décrite comme contre-nature et dangereuse. Était-elle dangereuse ? Ce n’était pas ce que tu avais pu lire dans ces yeux émeraude. Ce n’était pas ce que tu avais entendu dans ce sort qu’elle avait tenté de jeté plus tôt. Ce n’était pas ce que tu avais pu lire dans les quelques pages du grimoire que tu venais de feuilleter. Après tout, est-ce que tout est noir ou blanc ? Tu soupiras, tentant de faire taire le brouhaha qu’était devenu tes pensées.
Son gémissement de douleur brisa quelque chose en toi et tu luttas pour ne pas bondir pour lui venir en aide et pendant les secondes qui suivirent tu restas là, à la regarder tenter de reprendre contact avec la réalité, comme si tu attendais qu’on te donne une réponse. Celle à la question : que devrais tu faire ?
Tu vis dans ses yeux la panique quand elle repéra les lames dans ton dos et contre tes cuisses et ta cuirasse, celle sur laquelle se trouvait le blason de ta famille. Quand elle recula, grimaçant au passage, et que sa voix brisée résonna dans la caverne, tu pourras un long soupir. Durant tes nombreuses années de chasses, jamais tu n’avais été confronté à cette situation. Tu avais déjà connu des vampires avant qu’ils soient transformés et que leur nouvelle nature les dépasse, tu avais connu des sorciers qui avait été dévorer la magie noire, et jamais tu n’avais douté face à ton devoir de protéger les humains. Mais était-elle un danger pour eux ? Tu en doutais, et c’était ce qui te mettait dans cette situation infernale. En doutais-tu parce que tu avais un petit faible pour elle ou pour des raisons plus stables et défendables ?
La larme qui coula sur ta joue suffit à stopper tes doutes. Sa remarque te fit sourire et tu voulus répondre avec ironie avant que sa quinte de toux t’alerte. Tu sortis une bouteille d’eau de ton sac et alors que tu allais approcher, tu t’arrêtas un instant. Tu retiras les épées de ton dos, ainsi que tes dagues, et les déposa à quelques pas, vers le fond de la grotte avant de lever les mains comme pour signifier que tu n’allais rien lui faire. Puis tu vins t’accroupir vers elle, tu l’aidas à se relever et s’appuyer contre la paroi, glissant la couverture de survie dans son dos afin d’éviter qu’elle ne se blesse au reste. Tu lui tendis la bouteille d’eau avant de t’assoir en face d’elle. Le silence s’installa tandis que tu l’observais sans scrupule, comme si tu cherchais à sonder son âme.
- Que faisais-tu dans la forêt ? Quel sort était-ce ?
Oui, tu voulais lui laisser le bénéfice du doute. Oui, tu avais cette sensation qu’elle était une bonne personne. Une « bonne » sorcière, même si celle-ci n’existait pas dans les histoires qu’on t’avait conté. Mais il te fallait des réponses. Il te fallait être sûr de ce que tu faisais, car tu entendais déjà ton père te hurler que tu n’étais qu’un bon à rien pour avoir laissé fuir un ennemi de la sorte.
- J’aurai du me douter que tu ne pouvais être qu’une sorcière. Un sourire jaune mais amusé se dessina sur ton visage, tandis que tu approchais pour essuyé du pouce la trace de sang qu’elle avait au coin de lèvres. Ironique non, que la première fille qui te plaise depuis bien longtemps se trouve avoir de la magie dans les veines.

CIARA - 3


Chacun de ses mouvements était une torture. La douleur était telle qu'elle n'en avait jamais ressenti. Elle espérait presque que Raven allait mettre fin à sa souffrance sans attendre tant elle n'en pouvait plus. Quitte à mourir, autant que ce soit suffisamment rapidement pour abréger sa peine. Mais l'autre semblait décidé à prendre son temps. À vrai dire non, il ne semblait pas décidé à grand chose. Ses yeux brillaient d'incompréhension et chacun de ses gestes était hésitant, comme s'il ne savait pas quel sort lui réserver. Ce n'était pourtant pas bien compliqué. C'était un chasseur, elle était une sorcière. Il ne fallait pas être un génie pour résoudre cette équation. Le sourire qu'esquissa le blond l'aurait fait sortir de ses gonds si elle avait été dans un meilleur état. Si il trouvait la situation cocasse, il avait un sens de l'humour particulièrement dérangé.

À son approche, et malgré la quinte de toux qui la secouait toujours, elle ne put empêcher un mouvement de recul. Même débarrassé de ses armes, elle n'avait aucun doute qu'il pouvait la tuer sans aucune difficulté. Pourtant, il la redressa presque avec douceur et lui tendit une bouteille d'eau, qu'elle prit, effleurant ses doigts au passage. Un frisson la traversa, trop vite pour qu'elle ne sache réellement d'où il provenait. Elle huma le contenu de la bouteille avant d'en prendre une gorgée. Si elle savait que bien des poisons étaient inodores, il ne lui coûtait rien de vérifier.

Ils s'observaient, dans un silence lourd qu'elle ne comptait pas rompre, pas avant de se faire une idée de ce qu'il avait l'intention de faire d'elle. À ses mots, elle ne put retenir un semblant de rire amer, qui ne ressemblait en rien au rire musical et joyeux qu'elle avait d'ordinaire.

- Qu'est-ce que ça change ? demanda-t-elle sans joie. Je ne suis qu'une horrible sorcière après tout. ajouta-t-elle dans un souffle.

Son cœur rata un battement au toucher des doigts froids du jeune homme sur ses lèvres. Un pincement au cœur, elle détourna la tête afin de rompre le contact. Son corps tout entier la poussait vers lui mais sa raison s'érigeait comme un barrage entre eux Face à un chasseur, elle ne pouvait pas se permettre de montrer la moindre faiblesse, aussi difficile que cela puisse être. Sans qu'elle ne puisse la retenir, une seconde larme quitta ses yeux, emportant avec elle un peu de la douleur qu'elle ressentait.

Sa douleur physique.

Sa douleur psychique.

L'une commençait à reculer au fond de son corps lorsqu'elle restait immobile, maintenant plus proche d'une pulsation sourde que d'un véritable coup de poignard.

L'autre en revanche était en train de creuser un trou béant dans son cœur. Depuis leur rencontre, elle s'était laissée espérer que quelque chose de beau pourrait naître entre eux. Comme s'ils n'étaient que deux jeunes normaux qui avaient le droit de ressentir des choses. Mais ils n'étaient pas deux jeunes normaux. C'était un chasseur. Et elle n'était qu'une sorcière.

RAVEN - 3

- Et une sacrée tête de mule visiblement. Ajoutas-tu en soupirant. Tu te reculas pour t’adosser à la paroi d’en face, mettant ainsi une petite distance entre vous, comme si tu voulais la rassurer dans tes intentions. Bien que tu ne saches pas toi-même ce que tu étais censé faire.
Quand tu étais gamin, on t’avait raconté des tas d’histoires. Ta famille avait toujours fait parti des chasseurs d’ombres, comme ton grand-père les appelaient. Le soir, avant de te coucher, ta mère vous comptait des récits d’un ancien temps. Ton favori était celui de James qui avait vaincu seul trois vampires assoiffés de sang pour sauver la douce Judith qui deviendrait par la suite son épouse. Tu adorais aussi quand ton grand-père narrait ses aventures de jeunesse, particulièrement amère face aux sorciers qu’il jugeait perfides, manipulateurs, et corrompus. Ton frère disait toujours que c’était parce qu’il avait été ami avec un sorcier durant des années jusqu’à ce que celui-ci le trahisse. En réfléchissant, tu te souvenais rarement des détails, tu avais toujours cru en ce qu’on te disait, et le bien fondé de vos actions. Vous faisiez le bien alors qu’eux, créatures magiques, faisaient le mal.
Ton regard croisa à nouveau celui de Ciara. Pourquoi elle, elle serait différente ? Parce que tu le sens au fond de tes tripes ? Parce que tu as envie de la croire, de lui faire confiance, parce que ton instinct contre tes valeurs ? Et si elle était celle qui te trahirait ? Et si elle était celle qui, comme l’ami de ton grand-père, briserai ta foi en la bonté ?
Et si elle était réellement cette douceur, cette femme douce et maladroite et courageuse et bienveillante. Cette femme que tu avais vu en elle, elle ne pouvait pas être qu’un songe. Elle était réelle.
- Dis-moi ce que tu faisais dans la forêt. Quel était ce sort ?
Tu te penches pour attraper le grimoire qui était entre vous deux. Tu vois dans son regard que tu as tout intérêt à en prendre soin si tu ne veux pas finir en feu de joie. Tu l’ouvres alors avec une certaine délicatesse et le regarde à nouveau en attendant une réponse de la rousse.
Les sorciers, ce n’est pas ton terrain, tu t’y connais bien plus en loups, et même en vampires, les sorciers, c’est l’affaire de ta sœur en général. Mais malgré ton manque de connaissance et ton latin rouillé, tu réussis à traduire des morceaux de sort, de recettes, certains ingrédients, des plantes que tu as aperçu dans la boutique l’autre jour, tu tentes de faire des liens, trouver des preuves qui appuierait sur l’idée que non, Ciara n’est pas dangereuse. Et même si elle se révélait ne pas être un danger pour les humains, qu’allais tu faire ? Dire ? Un rapide coup d’œil en direction de l’entrée de la grotte et la luminosité du ciel t’indique que le temps passe trop vite, que la nuit va bientôt toucher à sa fin et que tu dois rejoindre ta famille au plus vite si tu ne veux pas éveiller leur soupçon ou leur inquiétude.
- Il faut que je parte. Visiblement, ta décision est prise. Mais je dois savoir ce que tu faisais dans la forêt, je dois savoir qui tu es et ce que tu fais.
Tu te reconcentres sur elle.
- Tu vas mieux ? Question assez bête, puisque tu vois clairement sur son visage qu’elle semble reprendre de force, son teint est moins pâle, ses lèvres plus roses et son regard moins vitreux.
CIARA - 4

Elle réprima difficilement un sourire à la remarque du blond. Il l'avait bien cernée finalement.

- Tu n'as pas idée. répondit-elle simplement.

Si il ne savait pas quoi faire d'elle, la rousse ne savait pas plus comment agir face à lui. Son instinct lui hurlait qu'il était signe de confiance et qu'il ne lui ferait rien. Son cœur aussi, d'ailleurs. Mais la raison et la logique s'opposaient ardemment à cette conclusion. Sorcière. Chasseur. Ça ne pouvait pas bien se terminer. Et pourtant, elle avait ce sentiment au fond de ses tripes que tout irait bien.

Pendant que son cerveau bouillonnait, Raven ramassa le grimoire qui gisait toujours au sol. Si son premier instinct avait été de se redresser afin de le lui ôter des mains, elle s'arrêta dans son élan. D'abord car le simple fait de se relever à peine avait ravivé la douleur dans son corps, ce qui la dit grimacer. Ensuite parce qu'elle voulait éviter de faire le moindre geste que le blond aurait pu percevoir comme une agression. L'oeil néanmoins inquiet et se mordant la lèvre d'appréhension, elle le laissa feuilleter quelques pages, sans répondre à la question qu'il avait à nouveau posé. Ses ancêtres la foudroieraient sur place si elle révélait le contenu de son grimoire familial à un chasseur. Avait-elle vraiment le choix cela dit ?

Quand ses yeux émeraude croisèrent à nouveau le regard océan du jeune homme, elle poussa un soupir et leva les mains, vaincue. Ignorant la douleur qui subsistait toujours, elle s'approcha et s'assit en tailleur face à lui, ses genoux contre les siens. Effleurant ses doigts au passage, elle lui prit délicatement le grimoire des mains, l'ouvrit à la page du sortilège qu'elle avait tenté de lancer et le lui tendit.

- Occultas tenebras. Les ténèbres cachées. Dit-elle en replongeant dans son regard. C'est un sortilège créé par mes ancêtres il y a bien des générations. Il était supposé me laisser voir les sombres desseins cachés par n'importe quelle créatures surnaturelles que je croiserai.

Elle haussa les épaules et poussa un soupir las avant de continuer.

- Comme tu as pu t'en rendre compte, j'ai échoué. Ce sort n'a pas été créé pour être lancé par une seule sorcière, mais vu le nombre de nouvelles créatures en ville, je devais essayer.

Son regard suivit le sien vers l'extérieur. L'aube approchait, mais la lune était encore haute dans le ciel. La nuit n'était pas terminée et son estomac se tordit à la simple pensée de Raven aux prises avec des loups. Portant sa main à son cou, elle se saisit du collier qui s'y trouvait et l'ôta avant de le tendre au jeune homme. C'était un petit pendentif en or, représentant un trèfle enserré de ronces, le symbole de sa famille.

- C'est une amulette protectrice transmise dans ma famille depuis des générations. Ça n'a l'air de rien, mais j'espère qu'elle te protégera lors de ta chasse. Ne t'en fais pas pour moi, je n'ai pas retrouvé l'accès à toute ma magie, mais j'ai assez d'énergie pour roussir une ou deux touffes de poils.

Elle se mordit la lèvre à nouveau. Elle avait beau avoir rompu le contact que le blond avait initié plus tôt, elle succomba finalement à la pulsion que son corps avait en la présence du jeune homme depuis le départ. Elle posa délicatement une main sur la sienne et la serra.

- Raven, sois prudent, je t'en prie. La forêt grouille de loups, ce n'est pas sûr.

Abandonnant finalement sa couverture de survie, elle se leva difficilement et sortit de la grotte, observant les alentours à la recherche du moindre signe d'activité suspecte.
RAVEN - 4
Tu l’écoutas, silencieux, attentif au choix de ses mots, à son ton. Tu relevas même les yeux pour observer son attitude, le langage non verbal faisant parti des choses les plus utiles pour détecter les mensonges. Mais ces paroles correspondaient parfaitement à ce que tu attendais d’elle, ce que tu imaginais d’elle. Ton regard perçant notait chaque détail, comme si tu appréhendais un faux pas de sa part. Quand elle eut fini sa réponse, tu avais pris ta décision : tu ne lui ferais pas le moindre mal. De toute manière, tu doutais d’entre être capable.
Mais cette décision venait avec son lot de problèmes et de doutes. Alors que ton regard scrutait le ciel à travers l’entrée de la grotte, les questions commençaient à envahir ton esprit. Ta famille, les risques. Mais la voix de Ciara te sorti de ton propre esprit.
- C’est gentil mais… Ton regard se pose sur la fine amulette et les mots de la rousse font sens. La famille. Voilà une chose que vous aviez visiblement en commun : votre lien avec les votre. Alors tu relèves les yeux pour rencontrer les siens, une étincelle nouvelle dans le regard.
- Merci. Fini tu par dire avant de prendre le pendentif. D’un geste agile et précis, tu passes la chaîne à ton cou et cache le médaillon sous ta cuirasse.
A ton tour, tu te penches en avant et sort de l’intérieur de ta botte une lame fine et brillante. Tu la fais tourner dans ta main et la tends à la jeune femme.
- Mais toi, prends cette lame, je préfère m’assurer que tu puisses te défendre même si tes pouvoirs ne sont pas totalement revenus.
Cette dague était spéciale et particulièrement chère à ton cœur. C’était la première lame que tu avais possédée. Ta première arme. Elle était faite d’un alliage d’argent et d’un métal sombre. Dessus était gravé d’anciens symboles rappelant qu’elle avait été forgé et trempé dans une solution d’aconit tue-loup, une puissante toxine qui affaiblissait les créatures de la lune. Et même si tu adorais l’idée de voir Ciara « roussir » un loup, il préférait la savoir armée. Ton père t’aurait certainement arraché la tête s’il avait été là à ce moment-là, mais la main de Ciara sur la tienne te ramena à l’instant présent.
- Si tu me promets de l’être toi-aussi. Oui, elle joue en terrain connu, mais il fallait tout de même être prudent.
***
Quelques minutes plus tard, alors que la lune pleine éclairait la forêt, tu te détournas de la sorcière non sans mal, attentif au moindre signe de danger. Alors que tu t’éloignais pour rejoindre le point de rendez-vous que vous aviez établi avec les tiens, tu réalises que ton cœur bat vite, trop vite. Tes sens sont en éveille et tu sens de l’inquiétude monter en toi. C’était la première fois, tu n’avais jamais eu peur, jamais douté, et là, tu étais inquiet pour elle. Tu n’aurais jamais du la laisser repartir seule, affaiblie, avec un pauvre couteau entre les mains. Savait-elle ne serait-ce que s’en servir ? Chaque pas que tu faisais, qui t’éloignait d’elle, pesait sur tes épaules.
Rapidement, tu aperçus la lumière verte, signal de la présence de tes frères et sœurs. Tu ne pouvais plus faire demi-tour, tu allais devoir trouver une bonne excuse à ton retard. Tu ne pouvais décemment pas leur raconté la vérité. Laisser partir une sorcière était une erreur grave pour eux. Pire s’il savait que ton attirance pour elle entrait certainement dans ton jugement. Non, tu allais trouver une bonne idée, après tout, il n’avait pas de doutes à avoir sur toi.
Tu n'étais plus qu’à quelques mètres, discret dans la nuit, mettant au point ton mensonge quand le hurlement d’un loup brisa le silence. Il venait de derrière toi. Un long frisson suivit ta colonne et sans perdre une seconde en réflexion, tu te mis à courir vers le sud, rapide, silencieux, le regard noir. Il te fallu seulement quelques instants avant de débouler dans la clairière, comme si tu avais senti sa présence et tu t’interposas entre l’immense loup gris et la belle sorcière, une épée dans chaque mains.

CIARA - 5

La dague était magnifique, il fallait bien l'avouer, mais Ciara n'était pas le genre de personne à utiliser une arme. En cas de besoin, elle pouvait toujours se rabattre sur l'utilisation de la magie en temps normal. Bien que cela soit compliqué pour l'instant, et ça le serait probablement pendant plusieurs jours. Pourtant, la vision de l'arme ne lui apporta pas le moindre réconfort, bien au contraire. Douée comme elle était, elle serait bien capable de se couper un doigt. Elle ne put d'ailleurs s'empêcher de noter, avec un pincement au cœur, que quand le blond s'était approché d'elle, apparemment désarmé, il n'en était finalement rien. Et sans vraiment savoir pourquoi, elle s'en retrouvait blessée.

Elle tenta de refuser l'arme, évidemment, mais le blond semblait au moins aussi têtu qu'elle, et elle n'aurait pas accepté qu'il refuse son médaillon. À contrecoeur donc, elle se saisit de la dague en esquissant un semblant de sourire, et caressa délicatement la lame du bout du doigt. De toute évidence, elle n'aurait d'autre choix que de l'emporter avec elle. Le regard du blond qui s'attardait dessus lui en appris d'avantage que ses paroles. D'où qu'elle vienne, cette lame lui était très précieuse. Elle en prendrait donc le plus grand soin. Pas qu'il soit facile d'abîmer une dague cela dit.

Elle haussa les yeux à sa requête, lâcha sa main et se glissa entre les arbres aussi souplement que son état physique le lui permettait. Une fois abritée sous le couvert de ceux-ci, et surtout à l'abri d'un certain regard, elle s'arrêta brièvement et s'appuya contre un arbre, la douleur réveillée par le mouvement. Après une pause de quelques secondes, elle reprit la route de la ville, se faufilant entre les arbres aussi silencieusement que possible.

Elle approchait de son but, traversant une dernière clairière, quand un frémissement dans les feuilles lui fit tendre l'oreille. Il ne fallut pas plus de quelques secondes pour que la bête fasse irruption du couvert des arbres en grognant, l'écume à la bouche, décidé à faire d'elle son prochain repas, et hurle à la lune. Son regard émeraude se posa sur la dague qu'elle tenait toujours, puis revint sur le loup. Non. Elle ne pouvait pas s'y résoudre. Elle reposa son regard sur l'animal immobile et leva sa main désarmée.

- Si j'étais toi, je ferai demi-tour, tu ne sais pas à qui tu as affaire mon beau.

Le loup hurla pour seule réponse. La rousse s'apprêtait à "lui roussir les poils" en guise d'avertissement lorsque Raven fit irruption devant elle, la faisant sursauter au passage. Elle retint un juron en voyant les épées dans ses mains. C'était bien un chasseur. Ce garçon attaquait d'abord et posait les questions ensuite. Sauf dans son cas, apparemment. Mais n'avait-il toujours pas compris qu'elle était bien loin de la demoiselle en détresse qu'il fallait sauver ? Le loup grognait toujours mais ne faisait pas mine d'attaquer pour l'instant. Par la même occasion, elle ne ressentait pas vraiment d'intention négative en provenance du canidé. Qui que soit ce loup lorsqu'il était sous forme humaine, son instinct lui soufflait qu'il ne représentait pas une menace pour eux. D'une voix douce, mais ferme, la jeune femme s'adressa au blond.

- Recule et baisse tes armes, Raven. Il ne nous fera rien si tu le laisse tranquille.

Comme pour confirmer ses dires, l'animal recula de quelques pas, la tête baissée. Ciara restait néanmoins prête à agir, la main toujours levée, peu importe lequel des deux se déciderait à attaquer l'autre en premier.

RAVEN - 5
Ton regard se fixa dans celui, ambré, du loup qui te faisait face. Ton coeur frappait ta poitrine avec violence tandis que tu observais l’animal, prêt à bondir pour débarrasser ce monde de cette créature nocturne. Tu avais fais face à ce genre de bête toute ta vie, et jamais, pas une seconde, tu n’avais hésité à attaquer. Encore moins quand celui ci menaçait quelqu’un, aussi sorcière soit-elle. Tu étais prêt à bondir sur l’animal quand la voix de Ciara résonna entre les arbres.
Encore une entorse à tes convictions? Deux en une soirée, ça faisait beaucoup. Tu grognas, serrant toujours plus la garde de ses épées entre tes doigts, ton regard plus noir que jamais. Tu inspiras, expiras, tu ne comptais pas laisser cette bête fuir et lui offrir la possibilité de faire du mal à la prochaine pleine lune mais l’intervention de la sorcière te retint quelques secondes. Le loup recula, baissant la tête, comprenant clairement ce que la rousse attendait de lui. De ton côté, ton sang bouillait, ta concentration fixé sur lui, tu hésita. Pesant le pour et le contre dans cette situation, tes pensées se succédaient, la lune commençait à décliner, la nuit ne serait plus très longue et ainsi les loups reprendraient forme humaine. Mais maintenant, le loup savait que des chasseurs s’étaient instalés en ville, pire encore, il avait vu ton visage, ce qui était clairement un danger pour toi, pour ta famille. Les loups fonctionnant en meute, tu savais que l’information de ta présence puis de ton identité ne resterait pas longtemps secrète.
Tu aurais pu écouter les avertissements de la belle, derrière toi, mais cela serait revenu à mettre les tiens en danger, tu n’étais pas prêt à ça. Tu ne le serais jamais. Le visage de ton ainé, décédé quelques années plus tôt pour une erreur de ce genre te revins à l’esprit et la haine monta d’un grand dans tes veines. Inspiration, tu n’avais pas le choix, Expiration, appui sûr, précis, tu bondis, lames en avant. Tu devais agir et faire partir Ciara d’ici rapidement, car tes frères et soeurs avaient certainement eux aussi entendu le hurlement de ce loup et devait déjà être en chemin pour le retrouver.
Tu plongeas vers le sol, glissa, levant l’une de tes lâmes d’argent, blessant le loup au niveau d’une patte. La bête bondit à son tour, couinant sous la douleur. Tu étais prêt à reprendre ton offensive, concentré sur ton but, mais la bête poilu lança un regard à la rousse avant de partir dans la direction opposé aussi vite que possible, boîtant. Tu étais prêt à le poursuivre pour terminer ce que tu avais commencer mais une force t’arrêta dans ta course, comme si quelque chose te retenait, comme si quequ’un te retenait.
Tu grognas et recula avant de te retourner vers Ciara.
Laisse moi passer. Ta voix était froide, et ton regard sombre, même si, face à ce la jeune femme, il s’adoucit un peu.
Il ne peut pas partir, il va prévenir les autres de ma présence. Il connait mon visage, et grâce à toi il sait aussi mon prénom. Je peux pas prendre ce risque.

CIARA - 6
À peine sa requête formulée, Ciara savait. Elle savait qu'il ne l'écouterai pas. Son regard s'était assombri à la vision de la bête, tel un ciel orageux. Le blond se mit en mouvement si vite qu'elle peina à le suivre. Le coup d'épée qu'il asséna à l'animal cependant, elle le ressentit sans mal. Comme si la lame l'avait frappée, laissant couler le sang de son bras. Elle étouffa un cri, consciente que cela ne ferait qu'attirer plus de monde dans la clairière. Si la blessure n'était pas réelle sur son corps, le coup de poignard qu'elle ressentait dans l'estomac l'était bien. Le regard ambré du loup croisa le sien et elle murmura "je suis tellement désolée" tandis que la bête s'enfonçait entre les arbres, cherchant à sauver sa vie.

Si elle avait déployé sa magie pour retenir Raven, elle ne l'avait pas fait exprès. Une tristesse sans fin transparaissait dans ses yeux tandis qu'elle levait les mains en signe de reddition. Des larmes pleins les yeux, elle passa devant le jeune homme sans un mot et traversa la clairière, en direction de chez elle. Avant de passer le couvert des arbres, elle répondit simplement d'une voix faible, le dos toujours tourné.

- Moi non plus Raven.

***

Roulée en boule au fond de sa baignoire, son corps ankylosé englouti par l'eau brûlante, la rousse laissait couler les larmes qu'elle avait retenues toute la soirée. Elle ne ressortit de la baignoire que lorsque l'eau fut devenue froide et que ses larmes se furent taries. Les yeux rouges et gonflés, elle avait cependant pris une décision. Un choix qui lui brisait le cœur et lui déchirait les entrailles. Pour sa famille, et pour elle, elle devait tirer un train sur le chasseur. Elle devait faire ce sacrifice pour que sa famille ne soit pas mise en danger. Aussi ardemment que son cœur et son corps la poussait dans les bras du blond, elle ne pouvait s'y résoudre. Plus maintenant.
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