atticus & naya | i should just kill you on the spot
Atticus Davies-Miller
the beast inside
wish to the stars
arrivée : 30/12/2022
posts : 34
âge : 30
Ven 30 Déc - 19:23
i should just kill you on the spot Atticus and @Naya Brown
Cette ville était un vrai trou à rat. Cela ne faisait que quelques mois que le brun s’y était établi et il en avait déjà marre. Rien ne valait la peine qu’il y reste, si ce n’était le nombre de proies potentielles qu’il pouvait y rencontrer au quotidien. D’autant qu’à chaque fois qu’il voulait se rentre à Portland pour le travail il devait emprunter ce foutu ferry qui lui filait une indicible envie de vomir. Il en revenait d’ailleurs, de Portland. Un contrat pour une petite boîte locale qui s’était fait piratée quelques semaines plus tôt. Ce n’était rien de fou mais ça avait le mérite de payer son loyer. Après un bref passage par son appartement incluant une douche et un changement de vêtements, le brun se rendit au seul endroit de cette île qui valait la peine d’être visité selon lui : le bar qui se trouvait à l’orée des bois. Ils y servaient une bière plutôt décente et la nourriture y était bonne. Depuis qu’il était ici, Atti y passait probablement beaucoup trop de temps. L’alcool avait le mérite d’endormir légèrement ses sens, ce qui lui rappelait la belle époque où il n’était qu’un simple humain. Et dans le meilleur des cas, il y croiserait peut-être quelques proies qui pimenteront un peu sa soirée.
Ce soir-là ne ferait pas exception. Les quelques dernières nuits, il n’avait croisé personne, mais il sentait au fond de ses tripes que cette nuit serait différente des autres.
Il entra dans le bar, grouillant déjà de locaux en train de manger et boire, la musique résonnant dans la salle à la lumière tamisée. Un sourire étira ses lèvres. Il aimait bien cet endroit. S’accoudant au comptoir, il commanda une bière à la jolie barmaid qui était de service ce soir-là et commença à la siroter en observant la foule. Pour l’instant, personne ne se démarquait à ses yeux. Il allait falloir qu’il fasse preuve de patience, ce qui était loin d’être son fort.
***
Après quasiment deux heures d’attente, et quelques bières supplémentaires qui avaient égaillé son humeur maussade, et réveillé son envie de danser, piètrement avouons-le, le brun poussa un grand soupir et se dirigea vers le billard qui venait de se libérer. C’est en traversant la salle que son regard se posa sur la femme qui venait d’entrer. Il n’avait jamais vu une femme aussi belle. Elle était magnétique. Son regard semblait collé à elle, comme s’il ne pourrait jamais l’en détacher. L’air peinait à se frayer un chemin jusqu’à ses poumons, il était bouche bée, ce qui ne lui arrivait pas souvent.
Il songeait à arrêter sa course pour lui proposer de danser, de boire un verre, peu importe ce qu’elle voudrait, il le ferait. Pour la nuit tout au moins. C’est seulement lorsqu’elle passa devant lui, se faufilant souplement entre les danseurs, que les poils se dressèrent sur sa nuque. Son odeur était finalement parvenue jusqu’à ses narines, se frayant un chemin à travers la sueur ambiante et l’alcool qui obscurcissait ses sens.
C’est la gorge nouée que tu poussas la porte du bar. T’étais jamais venue ici. En même temps, tu fuyais cet endroit depuis ton arrivée sur l’île, comme si le seul fait de passer la porte allait détruire tous tes misérables efforts. Que penserait ton frère s’il te voyait ici ? Ou sa femme ? Elle qui était constamment sur ton dos ? Tu n’en savais rien, de toute manière, tu t’en fichais. A quoi bon ? Tu entras dans l’établissement, laissant ton regard glisser sur la foule. Tu aurais voulu te faire toute petite, disparaître dans l’ombre. L’invisibilité. Voilà un don qui t’aurait été utile. Malheureusement, ça ne faisait pas parti de la liste de tes capacités. Baissant ainsi ton regard vers le sol, tu t’approchas du comptoir, slalomant entre les habitants présents.
Tu ne remarquas pas le regard du brun sur toi, seule son odeur chatouilla tes narines, mais tu n’avais aucune idée de ce que ça pouvait bien être, tout ce que tu pouvais dire c’était qu’elle était à la fois chaude et attirante avec une note bien plus dérangeante. Sans un regard, tu te glissas sur l’un des tabourets de bois et commanda un whisky sans glace à la barmaid. Elle te le servit en un temps record. Tu la remercias avant de faire tourner le liquide marroné dans son contenant, fixant ton regard sur lui, comme s’il te défiait.
Deux semaines que tu n’avais pas bu une goutte de ce délicieux nectar. Ton compagnon durant cette dernière année, ton réconfort, celui qui te faisait oublier ta misérable existence. Deux semaines qui tu luttais contre tes démons, contre toi-même, contre cette soif, ces pulsions qui résonnaient dans ton crane quand tu avais faim. Tu détestais cette sensation. Pourtant, elle était toujours là et tu n’avais plus le droit de la faire taire avec de l’alcool. Tu ne pouvais plus. Tu avais dit que tu ne le ferais plus. Faisant tourner le liquide encore et encore, sans jamais en prendre une gorgée, tu poussas un soupir.
Tu avais passé un marché. Ton frère t’avait sorti de ton trou, il te donnait une chance de la connaître, de partager sa vie, et celle de sa famille. Toi qui ne méritais rien de plus que l’oubli et la mort. Il t’avait tendu la main, encore. Tu ne pouvais pas le décevoir et pourtant, plus les jours passaient plus tu doutais. Plus tu avais peur. Allais-tu pouvoir vaincre tes ténèbres ? La faim était terrible, la culpabilité te rongeait, l’obscurité te guettais, et chaque jour était une épreuve. Mais pour lui, tu voulais lutter, tu voulais au moins essayer.
Tu repoussas le verre sans y avoir touché, et te tourna sur ton siège pour regarder les danseurs qui se déhanchaient sur la piste. Les sourires sur leurs visages, la légèreté qui éclairait leurs regards, ces rires. Depuis ta transformation, tu n’avais pas dansé. Pas une seule fois. Comme si tu ne t’en sentais plus capable, plus digne. Quand tu étais encore humaine, danser était ton échappatoire, ton refuge. Tu avais bien trop peur de ne plus ressentir cette sensation, d’avoir perdu ce lien si parfait, si unique. Et en même temps, qu’est ce que tu avais à perdre ? Alors gracieusement, tu te glissas vers la piste, te mêlant à la foule et comme si tu n’avais jamais arrêté, tu te mis à danser.
Souple, libre, tu te mis à tourner, a ondulé, ressentant chaque centimètre carré de ton derme, la peau vibrante de sensations. Comme si l’air entrait enfin à nouveau dans tes poumons, tu dansas de longues minutes, le cœur battant au rythme de la musique. Et pour la première fois depuis si longtemps, plus rien n’avait d’importance. Tout ce qui comptait, c’était cet instant.
Mais ce répit fut de courte durée car ton univers s’écroula à nouveau quand l’odeur du sens vint envahir ton nez. Ton cœur se souleva et tes gencives devinrent douloureuses. Tu grognas et t’arrêtas de tourner. Tu relevas les yeux tandis que ton rythme cardiaque avait triplé. Tu croisas le regard d’un brun à l’autre bout de la pièce, un regard profond et sombre. La soif prenant le dessus sur tous tes sens, ta gorge se noua, la musique se mit à grésiller dans tes oreilles, et sans attendre une seconde de plus tu quittas le bar, prenant la direction des bois afin de t’éloigner le plus possible des habitants de la ville.
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Son regard ne quittait pas la brune tandis qu'elle traversait le bar de sa démarche presque féline et commandait sa boisson. Sa bière toujours en main, le chasseur poursuivit sa route jusqu'au billard et se saisie d'une queue. La femme quant à elle, à l'autre bout de la pièce, semblait focalisée sur son verre, comme si rien autour d'elle n'existait. Atti avait déjà vu ça. La tentation. La culpabilité. Il pouvait presque la sentir de là où il était. C'était courant chez les humains, beaucoup moins chez les vampires. Quelque chose en elle l'intriguait, mais il ne saurait encore dire quoi. Voulait-il vraiment le découvrir ceci dit ? C'était une vampire. Lui un chasseur. Un lycan. Sa mission sacrée était de la tuer. Et pourtant...?
Sa choppe de bière était vide désormais, il l'avait bue sans y prêter attention. Abandonnant le billard qu'il n'avait finalement pas touché, il fit signe à la barmaid de le resservir avant de prendre place sur un tabouret au bout du bar, à bonne distance de la suceuse de sang. Pour l'instant, elle semblait vaincre sa bataille de regard avec son verre, celui-ci était encore inentamé. Puis, presque brusquement, il l'observa repousser le verre et prendre la direction de la piste de danse. Il se redressa, attentif et alerte, la brume de l'alcool sur son esprit maintenant totalement dissipée. Au milieu de la foule, elle pourrait aisément se nourrir et blesser quelqu'un. C'était un terrain de chasse idéal pour un suceur de sang.
Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'elle se mit à onduler au milieu des autres danseurs, aussi souple et gracieuse qu'un félin. Aussi mortelle par la même occasion. Ses yeux suivaient chaque ligne de son corps tandis qu'elle tournoyait. Une fois de plus, l'air lui manqua alors que les battements de son cœur s'accéléraient. Il était complètement hypnotisé. Tout en lui le poussait à aller la rejoindre sur la piste de danse et à accompagner son corps dans sa danse folle. Mais, se secouant intérieurement, il se reprit. Il ne pouvait pas se permettre une telle chose. C'était un vampire. Un monstre assoiffé de sang. D'un geste, il appela la barmaid et pointa la brune du menton.
- Tu connais la brune qui se déhanche comme une dingue là-bas ? demanda-t-il, son regard suivant à nouveau chaque courbe de son corps voluptueux .
L'autre haussa les épaules et repartit à ses autres clients. L'identité de la belle resterait donc un mystère. Alors qu'il buvait une autre gorgée de sa bière, il entendit un verre se briser et un juron coloré en provenance du bar. Des débris de verre à ses pieds, la barmaid se tenait la main, d'où coulait un flot de sang. Merde.
Posant la main sur le pieu qu'il dissimulait dans la poche intérieure de sa veste, il se tourna vers la piste de danse, cherchant la belle. Ses yeux rencontrèrent le regard hypnotique de la brune alors qu'elle suivait l'origine de cette odeur qui la gouvernait. Elle était jeune, à peine transformée, ça crevait les yeux. Prêt à bondir, il attendait qu'elle fasse le premier mouvement.
Celui-ci ne fut pas celui qu'il attendait néanmoins. Plutôt que de se ruer vers sa proie comme l'auraient fait la plupart des jeunes vampires, elle se fraya un chemin à travers les corps mouvants, jusqu'à la sortie. Ni une, ni deux, le brun se lança à sa poursuite, jetant un billet sur le comptoir au passage.
Il suivit la trace de la brune jusqu'à la forêt où elle semblait s'être réfugiée. Étrange. Tapi dans l'ombre des arbres, son pieu à la main, il écoutait et observait ses alentours, à la recherche de sa proie. Après quelques minutes, il la vit à quelques mètres de lui, appuyée contre un arbre et lui tournant le dos. À pas de loup, littéralement, il approcha derrière elle. Il bondit par l'arrière, saisissant la jeune femme à bras le corps grâce à sa force lupine, immobilisant ainsi ses bras, son pieu placé juste contre son cœur. Comme elle était toujours dos à lui, il ne voyait pas son visage, mais son odeur avait empli ses narines et il dû retenir un grognement presque animal.
L’odeur du sang te suivit encore et encore tandis que tu t’éloignais de son origine, tes canines étaient sorties, tes gencives sensibilités. Ton cœur mort battait trop fort, comme si il allait sortir de ta poitrine. Le doux liquide rouge t’appelait mais tu devais lutter. Battre ta nature. Tu gémis et un sanglot t’échappa alors que tu marchais sans but entre les sapins.
Alors que tu avais lâché prise pour la première fois depuis longtemps, alors que tu pensais pouvoir profiter d’être toi durant une minute, tes rêves avaient été brisés aussi secs. Ton esprit se retournait contre toi, ta matraquant de pensées sombres. Tu étais soumise à ces pulsions meurtrières, tu étais idiote de croire que tu seras capable de gérer cette malédiction, tu n’étais plus qu’un monstre. Le brouillard dans ton esprit te fit perdre l’équilibre tandis que tu te laisses basculé contre le tronc d’un grand arbre, les larmes coulant sur tes joues tandis que tu pensais à ton ainé et à ta nièce, ces personnes qui croyaient en toi, qui comptaient sur toi, alors que tu n’étais qu’un démon, le fruit des ténèbres, et qui tu ne serais jamais capable de vaincre ce terrible sort.
Ton esprit totalement embrouillé, tu n’entendis pas le chasseur approché. Ainsi, un hoquet de surprise t’échappa, roque tant ta gorge était nouée. La pointe du pieu sur ton cœur fit rater un battement à ce dernier. Ta nature aurait voulu que tu bondisses, que tu uses de ta force, de ta rapidité, afin de retourner la situation et te tirer de ce mauvais pas. Mais ton regard glissa sur le bois aiguisé qui te menaçait et tu vis en lui ton salut. Au milieu des larmes qui glissaient sur ta peau, tes lèvres s’étirèrent en un sourire. Tu reconnus l’odeur du brun que tu avais croisé dans le bar. Tu comprenais mieux l’intensité de son regard sur toi. Il t’avait repéré dès que tu avais passé la porte.
- Qui es-tu ? Sa voix chaude dans un murmure contre ton oreille parcouru ton corps comme une décharge électrique.
- Personne. Tu ne parlas pas beaucoup plus fort que lui. Tu baissas à nouveau les yeux vers le pieu et tout ton corps se relâcha tandis que tu attendais qu’il l’enfonce dans ton âme. Là voilà ta porte de sortie. Si tu mourais ce soir, tu ne pourrais plus blesser qui que ce soit, tu ne pourrais plus décevoir les tiens, tu ne pourrais plus être un monstre. Tu ne serais plus, tout simplement. Le sourire toujours sur ton visage, tu fermas les yeux, tu abandonnas, soulagée. Tu basculas la tête en arrière sur l’épaule du chasseur, mais le coup ne vint pas. La douleur que tu attendais, la libération que tu imaginais. Rien de tout cela. Tu remontas ta main et la fit glisser le long du bras du brun jusqu’à rejoindre le pieu.
Pourquoi hésitait-il ? Maya, ta belle-sœur t’avais déjà parlé des Chasseurs humains. Elle t’avait mise en garde contre eux, elle t’avait dit qu’il était sans pitié, que leur seul but dans la vie était de tuer des créatures obscures ou magiques. Alors pourquoi celui-ci ne faisait pas son travail ?
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Son manque de réaction face à l’attaque fut la première chose qui perturba le chasseur. Depuis sa quinzaine d’année de chasse, jamais un vampire n’était resté sans aucune réaction en cas d’attaque. C’était instinctif chez eux. Tuer ou être tué. Se battre ou fuir. Dans les deux cas, une réaction était toujours présente. Pourtant, ce petit bout de femme brune, qui aurait certainement pu l’envoyer valser contre un arbre si elle l’avait voulu, s’était presque liquéfiée entre ses bras. Pour n’importe qui passant dans les environs, ils auraient eu l’air de deux amants en pleine étreinte. Pas d’un vampire et d’un chasseur aux prises l’un avec l’autre.
La deuxième chose qui mit la puce à l’oreille canine d’Atticus fut la réponse de la belle. Le ton de sa voix surtout. Mélancolique. Triste. Vaincu. Ce n’était pas un ton de vampire non plus, d’origine froid, arrogant et fier. Mais bordel, qui était donc cette femme ?
Lorsqu’elle reposa sa tête sur son épaule, vaincue sans même s’être battue, la décision du chasseur était prise. Il ne la tuerait pas. Du moins pas tout de suite. Il voulait comprendre d’abord. Comprendre qui elle était et pourquoi elle agissait comme elle agissait. Comprendre aussi pourquoi, malgré le fait qu’elle soit son ennemie naturelle, il ne pouvait cesser de la dévorer des yeux. Ça non plus ce n’était pas habituel. Elle l’attirait pourtant comme un aimant. Tandis que sa main délicate glissait le long de son bras musclé, pour rejoindre le pieu, son souffle s’étrangla presque dans sa gorge. Ses doigts avaient laissé une traînée de flammes derrière eux, il pouvait encore les sentir. Perturbé, il resserra sa poigne sur le pieu, dans l’éventualité où elle décide de s’en emparer. Pourtant, il pressentait qu’elle n’en ferait rien. Qu’elle ne se l’enfonce pas dans le cœur elle-même en revanche, c’était moins sûr. D’un geste vif, emphasé par sa force de lycan, il retourna la brune comme une poupée de chiffon et la plaqua contre l’arbre auquel elle était appuyée plus tôt, le pieu dressé entre eux, toujours contre son cœur.
Ses yeux s’écarquillèrent légèrement en voyant les larmes qui coulaient sur ses joues. Ça aussi c’était nouveau. Plus les minutes passaient et plus il était intrigué.
- D’ordinaire, les vampires ne pleure pas ma belle. Ça fait de toi quelqu’un. lui dit-il, plongé dans son regard magnétique.
Si quelqu’un lui avait dit quelques jours plus tôt qu’il ferait la causette avec une belle vampire, il ne l’aurait pas cru. Il ne le croyait toujours pas vraiment pour tout dire, mais sa curiosité l’emportait et il voulait comprendre. Comment un vampire en arrivait-il là où elle en était arrivée en si peu de temps ? elle ne pouvait pas encore avoir eu le temps de voir mourir tous ceux qu’elle aime, elle était trop nouvellement transformée pour ça. A moins qu’elle ne les ai tué elle-même, c’était une autre possibilité. Mais pourquoi alors se serait-elle laissé tuer sans se battre pour sa vie ?
Le brun pouvait observer la vampire plus en détail maintenant qu’il l’avait juste sous les yeux. Si son regard d’homme remarquait sa bouche pulpeuse, la courbe de ses hanches et ses yeux magnifiques, le chasseur voyait la bague ornée d’une pierre bleue à son doigt. D’un geste du menton, il désigna cette dernière.
- Une bague de jour hein, soit tu as des amis puissants, soit tu as encore des gens qui tiennent à toi en ce bas monde.
Contre tout ce que sa formation de chasseur lui enseignait, il relâcha finalement son étreinte sur la brune, gardant néanmoins le pieu main.
- Pourquoi tu ne t’es pas battue ? demanda-t-il simplement, les yeux emprunts de curiosité et d’un éclat tout autre.
Le coup que tu attendais ne vint pas. Deux émotions contradictoires montèrent alors en toi. Un soulagement à l’idée de garder la vie sauve et une certaine tristesse que ce ne soit pas encore l’heure de mettre à terme à son existence de monstre. Quand il te retourna pour te plaquer contre le tronc d’arbre, tu te laissas faire mais sa force et son agilité réveillèrent ta curiosité.
Maya t’avait dit que, certes, les chasseurs étaient forts et très entrainé, cependant, ils restaient humains. Pleine de doutes, tu repoussas lentement le bras du brun tandis que son pieu menaçait toujours ton cœur, et a ta grande surprise, il résista, ne bougeant pas d’un poil. Si tu décidais de te battre, tu aurais certainement l’avantage en termes de force et de vitesse, mais tu avais tout de même le pressentiment que quelque chose n’était pas normal chez cet homme-là.
- Quelqu’un de faible, certainement. Répondis-tu sans relevé les yeux. Le cœur battant au ralenti dans la poitrine, tu avais la sensation que tu allais t’écrouler sous tes émotions, ta culpabilité, et ta fatigue mentale. Pourquoi est-ce qui prenait ce temps-là pour parler ? Qu’est-ce que ça allait bien pouvoir changer ? Tu finis par croiser son regard sombre et profond. La sensation qu’il lisait dans ton âme te fit frissonner. Ses mâchoires serrées laissaient apparaitre deux creux de chaque côté de son visage sans expressions. Le pressentiment qu’il cachait quelque chose réveilla en toi ta curiosité. Ainsi, tandis qu’il t’observait, tu fis de même. Ses mains semblaient fortes et usés par la vie. Sa tenue était simple, loin des tenues de cuir que Maya avait pu te montrer dans les anciens livres concernant les tueurs de l’ombre.
N'ayant pas le temps d’en apprendre plus sur lui, sa prise de parole te donna des frissons. Ta famille. Le ton qu’il avait employé ne sonnait pas comme une menace, pourtant, ce fut l’effet que ça te fit. Dans ton esprit, l’image de ton ainé, sa femme et surtout leur fille, s’imposa à toi et ton cœur se mit à battre plus vite. Tu baissas les yeux sur la bague en question, et serra le poing. Cette bague était à la fois un objet magique puissant, mais aussi et surtout le symbole pour toi d’un nouveau départ, d’une nouvelle chance de vivre. Finalement, les pensées sombres qui embrouillait ta tête s’envolèrent laissant place à ton amour pour les tiens et ton envie d’être meilleur, pour eux.
- Il faut croire. Répondis-tu simplement après un moment en relevant les yeux vers lui à nouveau et à ta grandeur surprise, il recula, éloignant son arme de ta poitrine. Tu haussas les sourcils avant même qu’il ait eu terminé sa question. Tes lèvres s’étirèrent en un fin sourire et la lueur dans ton regard changea pour devenir quelque chose de plus malicieux. Avec ce petit recul, tu avais tout le loisir d’observer le chasseur. Ses larges épaules, les traits de son visage coupé au couteau, ses bras musclés que tu devinais sous ses vêtements, et ses mains… Sentant comme un renouveau dans ta poitrine, tu pris un ton espiègle avant de prendre la parole.
- Parce que je n’en avais pas besoin. Ton sourire s’étira en un coin, amusée, et sur ces mots, sans un bruit, tu disparus dans la nuit, courant à toute vitesse à travers les bois pour rentrer chez toi.
**
Assise en tailleur sur ton lit, un thé brulant entre les mains, tu regardas le croissant de lune qui éclairait ta chambre avec un fin sourire sur le visage. Oui, ce chasseur t’avait repéré, il connaissait ton visage et il ne mettrait certainement pas longtemps a te retrouver, mais après tout, tu n’avais pas grand-chose à perdre. Et quelque chose en toi te donnait l’impression que cette rencontre était bien plus que celle semblait être.
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Peu importait ce qu’en disait la brune, il n’y croyait pas une seconde. Premièrement parce que, par nature, un vampire n’était pas une créature faible. C’était bien sûr discutable puisqu’il était clair que certains d’entre eux avaient la force et la volonté de se battre contre leur soif inépuisable, tandis que d’autres n’en avait ni l’envie, ni la possibilité. Là résidait la force d’un vampire selon lui. Mais deuxièmement, et surtout, ce n’était pas de la faiblesse qu’il voyait dans ses yeux à elle. De la douleur, une peine immense, oui, mais pas de la faiblesse. Plus les minutes, et leurs échanges passaient, et plus le jeune chasseur était intrigué par cette jolie brune. Vampire. Par cette vampire. Il ne pouvait pas se laisser distraire par chaque suceur de sang au joli minois qu’il croisait. Il ne s’était jamais laissé distraire avant. Pas une seule fois. Toujours focalisé sur son entraînement et sa mission. Mais celle-ci était différente, il le sentait au fond de ses tripes. En revanche, il ne savait pas quoi en penser.
Son regard intense le scrutait jusqu’aux tréfonds de son âme et, s’il aurait dû l’en empêcher, empêcher qu’elle ne marque son visage dans son esprit, empêcher qu’elle ne décèle des indices de qui il était par son observation, il n’en fit étrangement rien. Il la laissa regarder. Rien que cela représentait l’une des pires infractions à son éducation et à sa mission. Et pourtant, il n’en avait pas grand-chose à faire. Si elle décidait par malheur d’essayer de s’en prendre à lui plus tard, il aurait de quoi se défendre sans problème. Mais il avait toujours ce pressentiment qu’elle n’en ferait rien. Pour tout dire, elle semblait aussi intriguée que lui. Il avait un avantage sur elle cependant. Il savait exactement ce qu’elle était tandis qu’elle ne savait pas qu’elle avait à faire à un lycan. Il avait vu dans ses yeux que sa force l’avait surprise, alors elle devait sûrement se douter qu’il n’était pas un humain lambda. Mais de là à ce qu’elle identifie immédiatement l’espèce à laquelle il appartenait, il avait des doutes.
Ce qu’il remarqua néanmoins sans peine, c’était le changement drastique dans les yeux clairs de la belle lorsqu’il avait mentionné les gens qu’elle aimait. Le chasseur en lui ne put s’empêcher de noter cette information dans un coin de sa tête. Il avait donc visé juste, elle n’était pas seule. La lueur qui éclairait maintenant le regard de la brune, cette lueur qui fit rater un battement au cœur endurci du chasseur, lui confirma qu’elle avait encore des gens qui comptaient pour elle, et pour qui elle comptait. Etrangement, il en était heureux pour elle. Personne ne devrait subir la solitude. Lui-même ne savait pas ce qu’il aurait fait après la mort de ses parents si Ana n’avait pas été là pour lui.
Un petit sourire en coin fendit le sérieux de son visage à la réponse de la brune et au ton qu’elle avait employé. La petite vampire était donc capable de ressentir. Ça aussi il le notait dans un coin de sa tête. Levant les mains en signe de reddition, il glissa son pieu à sa ceinture et regarda la belle s’éloigner. Passant une main dans ses cheveux, il poussa un long soupir. Si ses parents l’avaient vu laisser un vampire partir sans tenter de mettre fin à ses jours, ou plutôt ses nuits, ils se seraient retournés dans leurs tombes.
L’odeur enivrante de la brune toujours bien présente dans ses narines, il suivit en marchant la direction qu’elle avait emprunté à vive allure. Humant l’air de temps à autre, traquant parfois les traces de son passage, il la suivit sans peine jusqu’à une belle maison sur Oak Street. De l’autre côté de la route, dissimulé sous le couvert d’un arbre, il observait à travers les différentes fenêtres et repéra finalement la brune dans une pièce à l’étage, sûrement sa chambre. il pouvait presque entendre les éclats de rire d’enfants qui avaient dû autrefois retentir entre ces murs. Un sourire sur le visage, le chasseur se fondit dans la nuit sans faire remarquer sa présence, comme s’il n’avait jamais été là. Ni son esprit, ni son cœur n’oublierait cependant pas cette nuit-là.
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