Juliet

Le printemps venait de prendre fin pour laisser place à la saison du soleil. Assise à l’une des tables de pique-nique, tu manges ton déjeuner. En réalité, tu joues plus avec la nourriture que tu ne la manges, traçant des traits dans ta purée de brocoli avec les dents de ta fourchette. Tu es stressée, cet après-midi, tu as ton dernier examen du semestre et tu n’as pas le droit à l’erreur.

- Tu es livide, respires, et manges un peu, ce n’est qu’un examen, et le coefficient n’est pas si élevé que ça, ça va aller.

Tu soupires en guise de réponse et hoche la tête avant de porter une fourchette à tes lèvres. Olivia a raison. Ta colocataire avait toujours raison. Cela faisait 3 ans que vous étiez dans la même chambre à la faculté de New York, et après un coup de foudre amical sans précédent, vous ne vous êtes pas lâché durant ces trois années. La rousse te fait face, souriant en te voyant suivre ses ordres. Ses yeux aux lueurs de jade te font penser à Ciara. En réalité, tout en Olivia te fait penser à ta sœur de cœur, ce qui attenu un peu le manque de celle-ci. Même si tu rentres très régulièrement sur ton île natale, tu passes le plus claire de ton temps dans la ville qui ne dors jamais. Enfin sur le campus plus précisément. L’air chaud de l’été balais l’espace de verdure dans lequel tu te trouves. Dès que le soleil brille, c’est ici que vous venez déjeuner. Au milieu du petit parc arboré, une belle fontaine en pierre blanche est entourée par plusieurs tables de bois où les étudiants aiment venir manger ou étudier.

Tu prends une nouvelle bouchée quand un rire te fait relever les yeux. Derrière Olivia, tu aperçois Yvan. Rien qu’en l’apercevant, tu sers des dents. Cet idiot est dans le même cours de perspective que toi, et c’est la personne la plus détestable que tu ais rencontré dans toute ta vie. Imbu de lui-même, arrogant à souhait, il prend un malin plaisir à manipuler ou menacer les autres afin d’obtenir ce qu’il veut. Son rire moqueur te hérisse les poils alors que lui et sa troupe sont en train de se moquer d’une jeune première année. La raison ? Ils veulent la table où se trouve la jeune femme et son ami, à l’ombre d’un arbre, tout proche de la fontaine. La jeune brune ne se laisse pas faire mais Yvan montre les dents comme un animal enragé, son rire mauvais te transperce.

Quand il pose la main sur elle pour la lever de sa place, ton sang se met à bouillir. D’un bon tu te lèves, prête à intervenir, quand tu sens comme une vague glacée parcourir ton corps. Depuis ta poitrine à travers ton bras, ce courant gelée cours sous ta peau vers le bout de tes doigts, crépitant sous ton derme. Tu sers le point par reflexe comme si tu cherchais à contenir cette sensation mais les picotements dans ta peau t’obligent à l’ouvrir en grand, étirant tes doigts au maximum. Au même instant, une vague d’eau provenant de la fontaine s’écrase sur le blond le projetant au sol. Tu es debout, le moindre de tes muscles tendus, les bras le long du corps, les mains ouvertes, tu fixes la scène sans pouvoir t’en décrocher. Yvan est au sol, trempé, il tousse comme si de l’eau s’était infiltré dans ces poumons. La jeune femme qui était à la table, surprise, pris ses affaires et se sauva avec son ami alors que la troupe de Yvan, médusé, tentait de lui taper dans le dos pour qu’il recrache l’eau qui l’étouffait.

- Juliet !

C’est la voix d’Olivia qui te sortir de cette sorte d’état de transe, tu fermes les poings et Yvan finit par expulser l’eau qui lui nouait la gorge. Tu t’assois rapidement alors que la douce sensation froide se dissipe dans ton corps. Tu inspires, reprenant contact avec la réalité avant de poser ton regard dans celui de ton amie.

- Tes yeux… murmure-t-elle.

Quoi tes yeux ? Tu prends ton portable et te regarde dans le reflet de l’écran, juste à temps pour voir une lueur bleu clair disparaitre dans le brun foncé de tes iris. Mais bordel, qu’est ce qu’il venait de se passer ?