Avant leur disparition

Kiev, Ukraine, 03  janvier 1993 5h18.

Furent la date, le lieu et l'heure exacte de ma naissance après avoir fait souffrir ma mère biologique pendant plus de douze heures.

Nous ne sommes pas resté à Kiev longtemps mon père ayant été muté pour le travail à Londres lorsque j'avais un peu moins de trois ans.

Mes parents étaient tous deux des lycans, je n'ai jamais su de quelle manière leur gêne lupin fût déclenché. Des rumeurs ont raconté que mon père était un criminel dans une espèce de mafia mais je n'y ai jamais cru. Après tout, un accident est vite arrivé, il a peut-être renversé quelqu'un en voiture, non ?

De toutes façons avoir une réponse à ces questions n'avancera à rien. Ils sont morts tous les deux donc, on s'en contrefout. Enfin peut-être que ces informations sont importantes pour comprendre pourquoi trois chasseurs anglais ont tenté de me tuer il y a treize  ans de ça ? Oui peut-être...

À Londres j'appris l'anglais et quelques mots de français, mais je ne saurais vous dire ce qu'a réellement été ma vie pendant cette période car j'ai très peu de souvenirs.

Le jour où ils ont disparus



7 février 1997, 3h34 du matin

J'étais dans les bras de cette jeune agente de police. Je ne comprenais pas trop ce qui venait de se passer. J'avais juste entendu ma maman hurler, mon père prononcer le mot "pohoni" qui signifie "des chasseurs" et des cris, des injures en anglais, comme en ukrainien, des objets qui cassent.

J'avais l'impression de voir l'un de ces films que papa ne voulait pas que je regarde parce que j'étais trop petit, qui ferait trop peur.

J'avais vu maman tomber et ne plus bouger, je n'avais pas crié. D'après ma psychologue c'est l'effet de la sidération qui a fait que je n'ai pu ni bouger ni crier. Quelque part c'est probablement cet état de bug cérébral qui m'a sauvé la vie, sinon les chasseurs m'auraient probablement  réduite au silence de manière plus que définitive.

Il me fallut plusieurs jour pour m'adapter à l'orphelinat londonien. Il me fallut également un certain temps avant de me faire des amis. J'espérais toujours voir mes parents passer cette porte pour venir me chercher et me dire que tout cela n'était qu'une mauvaise blague et que je pourrais bouder papa parce que vraiment cette blague était nulle.

Malheureusement ils ne vinrent jamais. Ils étaient morts et ce fut long à accepter. J'avais 4 ans et ma vie n'était qu'un trou de désespoir sans fin. Enfin c'est ce que je croyais...
Au bout de trois mois dans cet orphelinat, je ne m'étais pas fait énormément d'amis. Il fallait dire que mon anglais était teinté d'un fort accent ukrainien, qui rendait ma prononciation de mon vocabulaire anglais, quelque peu approximative.  Ce souci de communication faisait que les enfants me mettaient pas mal de côté. J'étais donc assez solitaire et ça m'allait très bien tant que les autres me laissaient tranquille.

Malheureusement, il y a eu cette journée au parc où plusieurs enfants plus vieux que moi avaient décidé d'imiter mon accent et de m'insulter. Si je faisais semblant de ne pas les entendre, l'enfant de quatre ans que j'étais était grandement attristée.  Assez soudainement un petit garçon, me tendit la main et me dit :

"Viens on va jouer ailleurs, ils sont bêtes"

Alors que j'avais peur de tout et de tout le monde, je l'avais suivi. Je ne pourrai pas expliquer pourquoi, j'avais juste attrapé sa main et marché avec lui. Nous avions beaucoup parlé. Il m'avait dit adoré monter aux arbres et j'avais ri avant de dire que personnellement j'étais incapable de le faire.

Je ne me rappelle pas son prénom. Andy ? Andrew ? David ? Je ne sais plus de toutes façons il m'a probablement oublié c'était il y a vingt-six ans après tout...

Si j'ai oublié son nom, son visage est resté imprimé dans ma mémoire. Je ne sais pas combien de fois j'ai redessiné ses traits espérant raviver ce seul souvenir heureux de cette enfant chaotique.



L'adoption, la vie...


Vous vous souvenez, je vous disais que je me résignais  à être malheureuse et sans famille ? Hé bien je m'étais trompée. Laissez-moi plutôt vous raconter.

Un matin de juin 1997, un éducateur vint me dire que des gens voulaient me voir pour peut-être m'adopter. Je lui avais répondu que si c'était une blague ce n'était pas drôle. Il avait promis et personne ne ment quand on dit "promis" n'est-ce pas ? Oui bon j'avais 4 ans et demi d'accord, j'étais naïve et un peu bête. Je l'avais donc suivis, un peu intriguée et inquiète aussi. Je n'étais pas sûre d'être assez bien pour être adoptée. Après tout mon anglais était nul, enfin mon accent était fort, enfin je n'étais pas sûre d'être à la hauteur de ces parents -comme si cette famille allait avoir des attentes d'une enfant de 4 ans, vraiment c'est fou comme une petite fille peut se mettre la pression bêtement.-

C'est ainsi que je rencontrais Monsieur et Madame Mcdeagan. Une famille originaire de Fate Hill, ils avaient déjà 4 enfants et semblaient vouloir que je sois la cinquième.

Je leur avais dit timidement que même si mon papa et ma maman n'étaient plus là, ils resteraient mes parents et que personne ne pourrait prendre leur place. - 4 ans et déjà un caractère bien trempé, ça promettait- La mère de famille  s'était mise à ma hauteur et m'avait promis qu'ils ne voulaient pas remplacer mes parents biologiques, juste m'offrir une vie plus agréable, avec d'autres "enfants comme moi" . Ce n'est que bien plus tard que j'appris qu'ils savaient que mes deux parents étaient des lycans et qu'un jour peut-être j'en deviendrais une aussi. Que cette phrase voulait dire que les autres enfants de la famille étaient eux aussi des êtres magiques et que jamais ils ne me jugeraient pour ce que j'étais.

L'adoption se fit assez rapidement, j'allais fêté les 5 ans que 2 ou 3 jours après mon arrivée à Fate Hill.

Je me retrouvais avec 3 grands frères et une sœur qui avait à peu près mon âge. Bryan était un naïade penseur et même s'il me saoule grandement à lire en moi comme dans un livre ouvert, il est le meilleur grand frère dont une petite fille peut rêver. Il m'a beaucoup aider pour parfaire mon anglais, je lui ai également appris quelques mots d'Ukrainien, aujourd'hui il arrive souvent que nous mélangions les deux langues quand nous parlons entre nous rendant nos conversations souvent incompréhensibles pour le reste de la famille - c'était un peu le but en même temps -

Alejandro est un lycan, c'est probablement lui qui m'a permis d'accepter ma condition de lycan alors que je me détestais d'avoir tué. C'est probablement grâce à lui que j'arrive à supporter ces transformations douloureuses et la colère du loup qui semble vouloir vengeance.

Tara et Johann sont tous les deux sorciers nous ne sommes pas très proches mais ils sont d'un soutien inconditionnel et je donnerai ma vie pour eux

Trois autres enfants arriveront plus tard.

Mon enfance et mon adolescence étaient un réel paradis sur terre. Ma vie aurait pu être parfaite jusqu'à cette nuit d'été l'année de mes 17 ans…


La mort me guète encore ...

J'ai supplié mes parents de me laisser sortir. C'était l'anniversaire de ma meilleure amie au lycée puis nous sommes allé au fast food pas très loin du quartier où nous vivions. Mes parents avaient accepté à condition que je rentre à minuit maximum, bien que j'avais fait remarquer ne pas être Cendrillon, j'avais bien évidemment accepté cette condition.

Nous avions passé la soirée dans ce restaurant, nous avions réussi à faire chanter "joyeux anniversaire" au staff comme ils le faisaient pour les enfants. Ce n'était pas grand chose mais ça avait fait rire Myra c'était le plus important.

Il était vingt-trois heures lorsque je quittais les lieux, Myra me fit promettre de lui envoyer un message lorsque je serai rentrée. J'avais ri après tout je ne vivais qu'à deux ou trois pâtés de maisons de là, que pouvait-il bien m'arriver ? Si j'avais su …

Je n'avais fait qu'une centaine de mètres quand je sentis des mains se poser sur mes yeux.

"Alors Ollissa on va plus pouvoir me dire non maintenant ?"

Ces mots me glacèrent le sang, Damian Darryson, un chasseur, un mec du lycée réputé pour abuser de ses compagnes. Cela faisait deux ans qu'il me tournait autour, deux ans que je fuyais sans cesse. Il me faisait peur, et ce soir j'étais tétanisée.

"Ton père a volé mon père, je vais lui voler sa fille"

Hein ? Oliver Mcdeagan un voleur ? Il avait bu l'imbécile ou quoi ? À moins qu'il parlait de mon père biologique ? Mais comment pourrait-il le connaître lui et moi avions le même âge ? Je n'y comprenais rien…  et il était impossible pour moi de poser la moindre question question car il m'avait plaquée contre un mur d'une main et son autre main se chargeait de me déshabiller. Je ne donnerais guère de détails sur ce qui s'est passé, un agresseur est rarement accusé de violence sexuelle à plusieurs reprises à tort.

"Et maintenant tu vas mourir" avait-il murmuré après avoir fini sa besogne immonde. Dans un instinct de survie je me débattais il me planta un couteau dans le bas du dos la douleur irradiait dans l'entièreté de mon être mais l'adrénaline me donna la force de le repousser fortement. Il tomba allant s'écraser sur un tas d'ordures, je ne le su que bien plus tard mais en tombant, il s'était brisé les cervicales et était mort sur le coup. Quelqu'un qui avait en partie assisté à la scène tenta de venir à mon secours mais soudainement ma vision devint noire et mon corps me lâcha. J'avais perdu connaissance…

Je me réveillais quarante-huit heures plus tard dans une chambre d'hôpital aseptisée. Bryan se trouvait à mes côtés, il me tenait la main.

"Hey ma puce, doucement, tu es à l'hôpital… tu n'es plus en danger maintenant" avait-il murmuré pour essayer d'apaiser la crise de panique qui montait en moi.

Il m'apprit que mon rein gauche avait été très endommagé par la lame et que les médecins avaient  été obligés de me le retirer. J'avais quand même la chance que mon rein droit était en pleine forme et qu'il faisait le job pour deux.

Bien sûr je fus entendue par la police, c'est une agente qui m'apprit le décès de Damian. Je fus horrifiée. Elle tenta de me rassurer disant que la personne qui avait appelé les secours avait témoigné en ma faveur expliquant que j'avais simplement voulu me dégager de son emprise. Elle me dit aussi qu'une caméra de surveillance avait filmé tout ce qu'il m'avait fait subir et que donc rien ne me serait reproché.

Ce n'était pas la prison qui me faisait peur, mais, la pleine lune. J'allais devenir un monstre… enfin un loup, enfin un lycan… oh bordel…

La pleine lune suivante arriva quinze jour plus tard, je venais à peine de sortir de l'hôpital. Si Alejandro avait pris le temps de me mettre en garde des douleurs de la transformation… je crois que la mort aurait été plus douce… ma première nuit en tant que louve ne m'a laissé aucun souvenir. Mes frères et sœurs qui avaient veillé à ce que je reste dans l'enceinte du sous-sol familial, m'avaient tous assuré que même si mon loup était nerveux et agressif, je n'avais fait de mal à personne.



Et maintenant ?

Je suis pionne au lycée de Fate Hill, toujours en thérapie suite à l'agression qui m'a quasiment tuée. Une chose me reste en tête :

Que voulait dire Damian quand il a dit qu'il voulait venger son père du mien ? Cela me hante. Ma vie sentimentale ? Au point mort mon cœur et mon esprit sont encore bien trop en alerte au moindre contact, l'idée de trouver mon âme sœur me terrorise vraiment.